À Creuzier-le-Neuf, une fouille de l'Inrap conduite sur 6,5 ha, a mis au jour des vestiges du Néolithique moyen, de l’âge du Bronze, de l’âge du Fer et des périodes médiévale et moderne.

Dernière modification
25 août 2022

Une partie du terrain sur lequel porte le projet d’extension de la ZAC des Ancises porté par Vichy Communauté a été fouillée par les archéologues de l’Inrap, sur prescription de l’Etat (Drac Auvergne Rhône-Alpes). En effet, le diagnostic archéologique mené en 2009 avait mis en évidence plusieurs traces d’occupation ancienne. 

Une occupation du Néolithique moyen...

Un site datant du Néolithique Moyen (vers 4 300 – 3 400 av. J.-C.) a pu être observé à l’ouest de l’emprise. Composé de trois enclos plus ou moins quadrangulaires, cette occupation avait probablement un but funéraire si l’on en croit les fosses découvertes au centre de deux d’entre eux.

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Orthophotographie interprétée des enclos funéraires du Néolithique moyen.

© Sébastien Dohr, Estelle Martinet, DAO Benjamin Oury, Inrap

Le terrain étant très érodé, les niveaux de sol n’ont pas été conservés même si non loin des trois structures, un bâtiment funéraire a été mis en évidence. Il est composé de trois fosses parallèles, celles situées à l’extérieur présentant des calages en pierre pour des poteaux.

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Fosse latérale d’un bâtiment funéraire néolithique composée de calages de poteaux circulaires.

© Lisa. Donati, Inrap

… À l’âge du Bronze

Quelques structures sporadiques de l’âge du Bronze sont présentes un peu partout sur le site. Elles consistent surtout en des fosses contenant des vases de stockage, probablement utilisés pour conserver les céréales.

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Vase de stockage à cordon digité datant de l’âge du Bronze, retrouvé en place.

© Karine. Giry, Inrap

Deux sépultures associées à cette période ont également été observées, l’une sous la forme d’une tombe en coffre de pierres et l’autre d’un tumulus. La présence de pierres dans la constitution de la sépulture a permis une conservation partielle des ossements. Des traces d’habitat de cette période avaient notamment été remarquées lors de la construction du rond-point de Creuzier-le-Neuf et de la RD907 en 1997, non loin du chantier, proche de l’endroit où nous avons découvert une petite amulette.

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Petite amulette en saponite présentant quatre petites encoches latérales et une perforation circulaire agrémentée de traits rayonnants incisés.

© Benjamin Oury, Inrap

Une nécropole de l’âge du Fer (460 – 400 av. J.-C.)

Légèrement plus au nord, un grand enclos fossoyé de forme quadrangulaire a été dégagé. Mesurant environ 25 m de côté, il renferme près de 90 sépultures orientées nord/sud, pour la majorité d’entre-elles. D’après le mobilier funéraire découvert (bracelets en bronze, fibules et anneaux en fer, céramique..., cette nécropole daterait de la période de La Tène ancienne (460 av. J.-C. à 400 av. J.-.C). Deux épées ont pu être retrouvées en place, ce qui est une découverte exceptionnelle pour la période. Si les inhumations prédominent largement, il est à noter la présence d’un bûcher de crémation, ce qui n’est pas surprenant pour cette période qui est charnière entre les deux modes de sépultures qui cohabitent pendant un temps. Le bûcher contenait un petit vase dont les motifs poinçonnés ne sont pas sans ressemblance avec ceux remarqués sur le fourreau d’une des épées. L’acidité des sols locaux n’a pas permis la conservation du squelette.


Une occupation artisanale de la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe siècles)

Plus à l’est, en contrebas, une occupation médiévale s’est installée pour une durée assez courte. Celle-ci se caractérise par un bâtiment sur solins de pierre complété par des structures sur poteaux (grange, grenier, appentis). Des fossés circonscrivent la zone supérieure et un ancien chemin court à proximité reliant la zone à un point d’eau (puits). D’après les premières constatations, il pourrait s’agir d’un moulin hydraulique alimenté par un système de marres qui succéderait à une occupation antérieure que des traces fugaces (lambeau de fossé, trous de poteaux, etc.) ne permettent pas de bien caractériser. Une sépulture a même été observées sur place, mais la période d’inhumation reste encore à définir.

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Sépulture d’adolescent retrouvé au sein de la zone artisanale médiévale dans une fosse trop petite.

© Lisa  Donati, Inrap

En contrebas vers l’est, des fosses d’extraction d’argile et de décantation ont été dégagées ainsi que des fossés permettant de drainer cette zone humide. Elles sont reliées par des petits chemins, décelables par les ornières laissées dans le terrain argileux, qui se connectent à une large voie bordée de fossés. Situé de l’autre côté de cette dernière, un four de forme trapézoïdale, creusé à même l’argile, a été mis au jour. Compte tenu de sa petite taille et de sa forme il devait servir à la cuisson de tuiles ou de briques, dont les débris se retrouvent un peu partout sur le site.

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Coupe du four de tuilier mis au jour à proximité des fosses d’extraction d’argile.

©  Michel Fouache, Inrap

Un puits, situé à l’ouest, composé d’un cuvelage en dalles de calcaire et mesurant environ 10 m de profondeur pour 1,50 m de diamètre, alimentait en eau potable les deux zones médiévales. Il a été comblé en une seule fois par des céramiques parfois conservées entières et par des débris de maçonnerie (démolition du four et du moulin).

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Coupe du tronçon supérieur du puits aménagé en bordure de chemin à proximité de l’exploitation d’argile et du moulin.

© Karine Giry, Inrap


Mise en évidence du parcellaire Moderne et Contemporain (XVIIIe-XXe siècles)

Enfin, des éléments de parcellaire médiéval et moderne (chemins, fossés, délimitations de parcelles, etc.) ont été mis en évidence et corrélés au plan cadastral napoléonien établit en 1812 pour Creuzier-le-Neuf. Ceux-ci dénotent de profondes modifications de l’usage de la terre traduisant le passage de l’artisanat (production d’argile) ou de l’élevage à l’agriculture.

Aménagement : Vichy Communauté
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Auvergne-Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Benjamin Oury, Inrap