A Bondoufle, les archéologues mettent au jour des vestiges du haut Moyen Âge, de l’Antiquité et de la Seconde Guerre mondiale. Par archéomagnétisme, ils ont révélé la présence de nombreuses scories, témoignant d'une activité de forge.

Dernière modification
26 août 2021

Préalablement aux projets de Grand Paris Aménagement à Bondoufle, l’Inrap fouille, sur prescription de l’État (Drac Île-de-France) une parcelle d’environ un hectare et demi. Les recherches actuelles ont débuté en avril et s’achèveront en septembre 2021. 

Vue d'ensemble du chantier.

Apparition du village

Le site de Bondoufle abrite de nombreux vestiges d’un village du Moyen Âge s'étalant entre le VIe siècle et le XIIe siècle. Auparavant dispersé, l’habitat se regroupe alors progressivement en hameau ou village. Entre le Ve et le VIIIe siècle, les exploitations sont généralement composées d’un bâtiment d’habitation entouré de ses annexes (ateliers, granges, puits, fours, aires de stockage des denrées alimentaires : greniers aériens et silos enterrés). Construits sur des poteaux plantés, les bâtiments ont des murs en terre (torchis) et en bois, couverts par un toit en chaume. Des cabanes semi-enterrées assurent des fonctions multiples : annexe domestique, atelier de tissage, remise, abri pour jeunes animaux, laiterie…

Sur le site de Bondoufle, les archéologues mettent au jour l’emplacement des poteaux de ces bâtiments, le sol semi-enterré de ces ateliers (« fond de cabanes ») et des fours culinaires dont un, situé à côté d’une mare avec son aire de chauffe, présente un très bon état de conservation. Des mares rebouchées, aux niveaux très visibles (une couche antique puis médiévale) fixaient des points d’eau au sein du village installé dans le fond d’un talweg.

Mare antique comblée puis réoccupée à l’époque alto-médiévale.

Mare antique comblée puis réoccupée à l’époque alto-médiévale.

© Solène Bonleu, Inrap

 

L’archéomagnétisme, une méthode pour révéler et dater

La mesure de la résistivité magnétique du sol et de ses composantes permet de mettre en évidence des contrastes pouvant traduire la présence de vestiges archéologiques. Cette méthode est rapide à mettre en œuvre et permet de couvrir de grandes surfaces. Elle est souvent utilisée pour repérer les vestiges en creux (fosses, fossés) et les structures ayant subi une chauffe (fours de potier, forges…).

À Bondoufle, la mesure de cette résistivité, a permis de repérer des points de forte concentration de battitures (éclats de fer, fait de battre le fer lorsqu’il est chaud) qui témoignent de la présence d’une enclume en pierre à proximité. Dès le début du Moyen Âge, la plupart des habitants des campagnes disposent en effet d’une forge pour fabriquer ou réparer des objets. Des fosses contenant des scories (100 kg sur l’une), des résidus d’activités de forge, confirment qu’il devait s’agir d’une activité professionnelle de forgeron, éventuellement accompagnée d’un point de vente.

Certaines structures ou matériaux archéologiques constitués d’argile et qui ont été chauffés peuvent aussi enregistrer les caractéristiques du champ magnétique terrestre. C’est le cas de la plupart des structures de combustion comme les fours. Lorsque l’argile est suffisamment chauffée, elle enregistre la direction et l’intensité du champ magnétique ambiant et les garde en « mémoire » si aucune autre chauffe ne survient après. Ainsi, plusieurs fours découverts ont fait l’objet de prélèvements afin d’interroger leur « mémoire magnétique » qui livrera prochainement les dates de leur dernière utilisation.

Des vestiges de la Seconde Guerre mondiale

Pour la période contemporaine, des soutes à munitions alimentant un canon de DCA de la Seconde Guerre mondiale sont présentes sur le chantier. L’aérodrome de Brétigny-sur-Orge, alors réquisitionné comme base de bombardiers, se situe à proximité du site. Un peu plus loin, au sein d’une autre construction, du mobilier de toilette allemand a également été retrouvé.

Soute à munition de la Seconde Guerre mondiale.

Soute à munition de la Seconde Guerre mondiale.

© Solène Bonleu, Inrap

Aménagement : Grand Paris Aménagement
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Olivier Royer-Perez (Inrap)