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Contrôler le territoire des nouveaux royaumes : l’exemple de Saint-Dizier en Austrasie mérovingienne
Dans le cadre de son 20e anniversaire, l'Inrap a organisé le 14 octobre 2022 au Sénat son colloque annuel intitulé « Archéologie et territoires », une approche inédite de la fabrique des territoires locaux et des espaces politiques en France du Néolithique au Moyen Âge.
Colloque « Archéologie et territoires », Marie-Cécile Truc, Inrap
En 2002, quatre sépultures mérovingiennes (VIe siècle) d’une richesse exceptionnelle sont découvertes à Saint-Dizier (Haute-Marne) : deux inhumations masculines, une sépulture féminine et une tombe de cheval. Dans les tombes avaient été déposés de riches parures, toute une panoplie d’armes ainsi qu’un nombre inhabituel de récipients et de vaisselles.
Ces inhumations présentent un mobilier et des pratiques funéraires qui dénotent un statut élevé ainsi que des origines exogènes, ce qui permet de les interpréter comme des sépultures de membres de l’aristocratie franque. À cette époque, Saint-Dizier fait partie du royaume d’Austrasie. Ces aristocrates ont, selon toute vraisemblance, dû être installés ici par le pouvoir royal pour contrôler cette zone de frontalière avec la Burgondie, à une époque où les fils de Clovis poursuivent la conquête de la Gaule initiée par leur père.
Les fouilles préventive et programmée menées depuis trente ans sur ce secteur de Saint-Dizier révèlent ainsi peu à peu comment ces aristocrates, dans le cadre de la formation d’un royaume aux frontières mouvantes, ont contrôlé ce territoire et ses richesses, contribuant à son façonnement au cours du premier Moyen Âge.