Idéologie, élites et prestige en mésoamérique

Déconnecté de l’Ancien Monde et cela jusqu’au XVI^e siècle, le continent américain est, dans l’évolution des sociétés, un univers totalement à part.

La Mésoamérique - qui couvre le Mexique, le Guatemala, le Belize, une partie du Salvador et du Honduras y est une aire culturelle particulièrement importante, aux sociétés très complexes et à la trajectoire historique très originale.

Jade, cacao plume et l’acquisition du prestige

A son arrivée au Mexique, Hernán Cortès signale à Charles Quint la diversité et la richesse des produits, des biens de luxe. La jadéite et serpentine, les coquillages marins, certaines céramiques font partie de ces biens de luxe. Mais le prestige s’affiche aussi au travers du coton, de peaux d’animaux tropicaux, de plumes exotiques, tandis que la consommation du cacao est l’apanage exclusif des élites. Le contrôle de ces objets ou biens, est souvent lié à des rituels et contribue à la reproduction de l’ordre social, souvent basée sur une symbolique guerrière.

Des peintures, affirmation du champ social ?

Juliette Testard travaille sur les images produites par ces sociétés précolombiennes, des images qui sont, par essence, l’expression de leurs croyances, de leur vision du monde, comme de la propre représentation de leur société. Ainsi, les images sont des fenêtres vers les idéologies de ces sociétés.

L’étude de ces peintures (datées de l’Epiclassique, entre 600 et 900 de notre ère) s’avèrerait des emprunts, une adaptation de traditions de certaines techniques exogènes. Elles auraient été créées suite au déplacement d’élites en vue d’alliances, notamment diplomatiques et permettent de légitimer leur pouvoir.

Des femmes au cœur des élites ?

Dans ce monde de classe, nous voici devant un changement de paradigme, les femmes sont désormais dans des sphères dans lesquelles elles n’apparaissaient pas auparavant, désormais les femmes sont figurées en trône, mais aussi guerrières et prêtresses. Certaines tombes féminines, dans la zone maya, sont très prestigieuses, c’est le cas de « la reine rouge de Palenque » ou de celle de Tigambato (dans l'Occident).

A l’échelle du monde, l’apparition des inégalités entraine probablement l’apparition d’individus s’accaparant pouvoir mais surtout prestige, outil capital de légitimation, et d’affirmation de la différenciation du champ social. En Mésoamérique, la construction du prestige permet la légitimation et la performance du pouvoir vis-à-vis du reste de la de la population, au travers d’ornements, mais aussi d’art, notamment de peinture murale.

Pour aller plus loin

• Page de présentation de Juliette Testard sur le site du laboratoire CNRS ArchAm, "Archéologie des Amériques" de l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.
• Ses publications sur les sites HAL Science ouverte, Academia, OpenEdition Journals.
• Page de présentation de son ouvrage, "La fabrique du prestige en Mésoamérique", paru en février 2023 aux éditions de L'Harmattan.
• Page sur Tenochtitlan, capitale de l'empire aztèque.
• Page sur le site de Teotihuacan, important site archéologique de la vallée de Mexico.
• Page sur le site de Cacaxtla, site archéologique réputé pour ses peintures murales colorées.
• Catalogue de l'exposition "L'art de la plume en Amazonie" présentée en 2002 à la Fondation Mona Bismarck à Paris.
• Page sur la zone métropolitaine olmèque.
• Page sur l'exposition (terminée) sur les Olmèques et les cultures du golfe du Mexique (liens, vidéos, etc), qui s'est tenue au Musée du Quai-Branly - Jacques Chirac.