À Fleurville, l'Inrap met au jour une riche villa gallo-romaine, dont la partie résidentielle (pars urbana) avait fait l'objet d'un diagnostic en 2021 et révélé deux pièces ornées de mosaïques et de murs peints. La fouille actuelle, située à la jonction entre les parties agricole (pars rustica) et résidentielle (pars urbana) de la villa, a révélé un imposant fossé gaulois, témoignant d'un établissement rural aristocratique antérieur, daté du début du Ier s. av. J.-C..

Dernière modification
09 septembre 2022

Les archéologues de l’Inrap mènent depuis août 2022 une fouille à Fleurville sur prescription de l’État (DRAC Bourgogne – Franche-Comté) préalablement à l’aménagement d’une résidence privée.  En 2021, une série de sondages archéologiques réalisée au château de Marigny avait révélé la présence d’une riche villa gallo-romaine dont les sols de la partie résidentielle étaient ornés d’au moins deux mosaïques. En janvier 2022, un second diagnostic sur une parcelle proche du château a confirmé les dimensions importantes de la villa et l'emplacement de son entrée. La fouille archéologique menée actuellement par l'Inrap permet d'étoffer l'étude de ce riche établissement méconnu jusqu’alors.

Fleurville 1

Vue générale du chantier de fouille avec le château de Marigny en arrière-plan.

 © C. Fouquin 

Un établissement antique rural

La villa de Marigny se développe sur une superficie d’environ 10 hectares. Cet ensemble, aménagé en terrasses successives épousant le relief, comprend une partie agricole, la pars rustica, qui est actuellement en cours de fouille (août-septembre 2022) et une partie résidentielle, la pars urbana, observée lors du diagnostic archéologique en 2021. Le bâtiment découvert au château de Marigny correspond à une des ailes de la pars urbana d’environ 1500 m². Celle-ci surmontée d’un étage, est bordée à l’est par une galerie sur portique de 5 m de large surplombant une cour intérieure d’1 m en contrebas. Sur la galerie principale s’ouvre une série de pièces dont une au centre pavée d’un opus tesselatum. Cette mosaïque décore une pièce s’apparentant à une salle de réception ou d’apparat où le propriétaire reçoit ses clients et visiteurs. Parmi les autres pièces observées, une autre qui correspondrait à un cubiculum (chambre) possède également une mosaïque au sol. De manière générale, les éléments du programme décoratif témoignent du statut aristocratique de ce domaine.

 De la pars rustica à la pars urbana

La fouille réalisée en août-septembre 2022 se trouve en contrebas du château de Marigny, à l’emplacement de la jonction entre les parties agricole (pars rustica) et résidentielle (pars urbana) de la villa. L’aménagement en terrasses des différents ensembles bâtis de la résidence déjà observé en 2021 est ici confirmé. Sur la principale est construit un bâtiment observé sur 30 m de longueur et 10 m de largeur composé notamment d’une galerie sur portique avec sol en mortier de chaux ouvrant sur la cour agricole de l’établissement. Au sud sont accolées deux autres pièces plus modestes aux sols en terre battue. Le tout est bordé à l’est par un caniveau maçonné au fond dallé puis par un chemin empierré de 5 m de largeur permettant sans doute de relier la voie romaine dite d’Agrippa à l’entrée de la résidence de la villa qui se trouve sans doute plus au nord de la fouille actuelle.

Une occupation gauloise antérieure

La découverte d’un imposant fossé gaulois sur la parcelle est totalement inédite pour cet établissement. Elle permet de situer l’origine de l’occupation au début du Ier siècle av. J.-C. Large de 5 m et profond de 2,60 m, ce fossé apparaît comme une structure déjà monumentale qui, de plus, est sans doute accompagnée d’un talus au nord. Cet aspect ostentatoire reflète en tout cas l’aisance du propriétaire dès cette période et illustre la présence d’un établissement rural aristocratique précoce. La fouille apparaît ainsi comme une occasion unique de documenter la manière dont s’est construit ce riche établissement rural en plaine de Saône et d’en préciser la chronologie.

Ce chantier sera ouvert au public à l'occasion des Journées européennes du patrimoine le  dimanche 18 septembre.

Aménagement : Aménageur privé
Contrôle scientifique : Service Régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Loïc Gaëtan, Inrap