Le projet de réhabilitation du logis Pierre de la Brosse, situé au cœur du site castral de la ville de Châtillon-sur-Indre, a été l’occasion pour l’Inrap de mener plusieurs diagnostics et de retracer l’évolution architecturale de ce grand logis aristocratique construit au XIIIe s. au sein du château de Châtillon par Pierre de la Broce, un proche conseiller du roi de France Philippe III le Hardi.

Dernière modification
02 juillet 2024

La datation de la terrasse monumentale

Le contexte de construction du logis est assez bien connu, en raison de la fin tragique de son maître d’ouvrage, Pierre de la Broce, qui mourut pendu au gibet de Montfaucon en 1278. L’édification des bâtiments débuta à marche forcée en 1274 avec la construction d’une aile basse de plain-pied accolée à un bâtiment à étage (corps central) puis d’une chapelle au sud probablement achevée dans les années 1280 d’après les datations dendrochronologiques réalisées sur la charpente il y a une quinzaine d’années.

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Localisation des différents ensembles composants le logis de la Brosse sur un plan de la fin du XVIIIe s .Plan du château de Châtillon réalisé par Pierre Delalande, an III (1794-1795.

© Archives départementales de l'Indre

Les historiens supposaient que la grande terrasse surplombant l’Indre à l’est datait également du dernier tiers du XIIIe s. et les datations 14C réalisées dans le cadre du diagnostic archéologique ont permis de confirmer cette hypothèse. Par là même, les sondages réalisés dans l’emprise de la terrasse n’ont mis au jour aucun élément à caractère défensif, mais seulement des aménagements paysagers, confirmant le caractère purement récréatif de la terrasse qui faisait office de jardin du logis. La datation de cette terrasse est antérieure à la construction du logis du château de Loches, édifié au XIVe s. par Louis d’Anjou, faisant de Châtillon-sur-Indre, un « prototype oublié des châteaux de la Loire » selon les mots de l’historien Jean-Pascal Foucher.

La façade ouest du logis

La suppression d’un bâtiment (ancienne cantine) construit dans les années 1970 contre le corps central et les travaux de restauration menés sur la façade ouest ont permis de retracer l’évolution architecturale du logis et de caractériser finement les phases de restauration anciennes, notamment celles menées par l’architecte Albert Laprade au XXe s. Lors de l’accompagnement des travaux, deux nouvelles fenêtres ont été identifiées au niveau du rez-de-chaussée, sous l’escalier construit contre la façade du bâtiment à l’époque moderne. Les connexions architecturales entre le corps central et le la chapelle du logis ont pu être documentées par la découverte de maçonneries de l’époque médiévale sous les constructions plus récentes.

A quelques mètres de la façade, une maçonnerie très massive a été observée. II s’agit très probablement du dispositif d’accès (escalier, rampe ?) à la porte d’entrée du corps central, qui était située au premier étage du bâtiment, selon un modèle courant à cette période.

Des vestiges insoupçonnés dans la basse-cour du château

En complément de ces investigations, les sondages menés à la pelle mécanique dans la partie nord de la place du Vieux Château ont révélé la présence de vestiges insoupçonnés dans l’emprise de l’ancienne basse-cour du site castral. Les murs et le dallage d’un bâtiment de l’époque moderne ont ainsi été mis au jour, ainsi que d’autres maçonneries probablement plus anciennes mais dont la fonction n’a pu être déterminée. Plus au sud, c’est une structure de stockage qui a été observée, un silo dont les prélèvements de charbon pourront être datés par 14C pour déterminer la période d’usage. 

Les recherches archéologiques menées en accompagnement des travaux de réhabilitation du logis ont permis de sauvegarder de nombreuses données, inéluctablement détruites par le processus de restauration. La réalisation de plusieurs datations 14C, établie en complément des études menées sur le bâti, ont renouvelé les connaissances sur l’évolution architecturale de l’édifice, tandis que la découverte de nombreux vestiges maçonnés dans l’ancienne basse-cour témoignent d’une occupation beaucoup plus large. La poursuite des opérations d’archéologie préventive pourrait permettre de documenter des strates plus anciennes de l’occupation du promontoire au Moyen Âge, qui était déjà un site de défense habité au IXe s. d’après les sources écrites.

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Vue des sondages à la pelle mécanique réalisés au nord de la place du Vieux Château en septembre 2023.

© Inrap

Aménagement : Municipalité de Châtillon-sur-Indre
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie Centre-Val-de-Loire
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Thomas Pouyet, Inrap