À Marseille, dans le quartier de La Capelette, une fouille de l'Inrap a révélé une occupation de l'âge du Bronze caractérisée par de grandes fosses, ainsi qu'un cimetière du haut Moyen Âge qui a livré près de 95 sépultures.

Dernière modification
27 février 2023

Le projet de construction d’une école primaire et d’un gymnase au sein de la ZAC métropolitaine de la Capelette, porté par Soleam pour le compte de la ville de Marseille, a engendré la prescription d’une fouille archéologique préventive par les services de l’État (Drac PACA). Elle révèle un site remontant à l’âge du Bronze (vers 1400-1300 avant notre ère) et un cimetière daté du haut Moyen Âge (VIIe-Xe siècles de notre ère). Ces vestiges, répartis sur une surface de 2 700 m2, apportent un éclairage nouveau sur l’histoire de la ville.

Une occupation de l’âge du Bronze

La fréquentation du site à l’âge du Bronze est attestée par une dizaine de fosses et de trous de poteau dans la frange nord-est du terrain. Une des fosses a servi de sépulture à un enfant et un grand trou de poteau a livré une coupe en céramique non tournée qui pourrait être une urne funéraire.

Marseille capelette 1

Fouille de la grande fosse de l'âge du Bronze.

© Nicolas Weydert, Inrap

À l’ouest du site, une vaste fosse a été creusée dans le sol, probablement pour en extraire de l’argile destinée à la fabrication de céramiques. Après son abandon, elle semble avoir été utilisée à plusieurs reprises comme habitat : en témoignent les nombreux trous de poteau et de piquet qui la parsèment et les silos destinés à la conservation des denrées. Une de ces occupations a également révélé une architecture en brique de terre crue, dont une partie est en place sous la forme d’un petit mur. Cette structure laisse entrevoir un habitat plus pérenne que celui matérialisé par les piquets et les poteaux.

La céramique recueillie permet une première datation allant de la fin de l’âge du Bronze moyen au début de l’âge du Bronze final (entre 1400 et 1300 ans avant notre ère).



Un cimetière du haut Moyen Âge

Durant le haut Moyen Âge, la frange occidentale du site, bordant le boulevard Lazer, a abrité un cimetière qui a livré près de 95 sépultures d’hommes, de femmes et d’enfants.

Les tombes consistent en une simple fosse dans laquelle le défunt repose sur le dos. Quelques sépultures sont en bâtière de tuiles plate, un petit nombre montrent un coffrage en dalles de pierre locale. Des pierres et des fragments de tuiles suggèrent cependant des couvertures qui obturent les tombes. Elles ne sont pas conservées, mais des fragments de bois retrouvés sur un squelette évoquent l’utilisation de planches. Les tombes ont été fréquemment ouvertes, avec réduction des os du sujet originel sur le nouvel occupant, voire des superpositions d’individus, ce qui suppose que les tombes étaient visibles en surface, probablement grâce à un petit tertre.

Fait peu commun, trois tombes doubles ont été mises au jour, associant une femme adulte et un jeune enfant, morts et inhumés en même temps. Le soin porté à ces sépultures, où la tendresse est perceptible, laisse deviner des mères et de leurs enfants.

De nombreux indices indiquent que les défunts étaient habillés et placés dans un linceul. Les rares objets découverts sont de modestes bijoux en cuivre, bronze ou fer, évoquant la culture mérovingienne. Ceci permet de dater le cimetière des VIIe–VIIIe siècles de notre ère, mais il est probable que son fonctionnement dure jusqu’au IXe ou Xe siècle.

Aménagement : SOLEAM – concessionnaire de la Métropole Aix-Marseille-Provence
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac PACA)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Weydert, Inrap