Les découvertes réalisées depuis le début des travaux en 2020 et les études toujours en cours au château de Villers-Cotterêts montrent que les vestiges médiévaux sont mieux conservés que prévu sous le logis Renaissance et apparaissent même en élévation. Il est maintenant possible de restituer au moins deux châteaux successifs construits entre le XIIe et la fin du Moyen Âge.

Dernière modification
23 janvier 2023

Un premier château au XIIe siècle

Le plus ancien est caractérisé par d'importantes fondations (d’une largeur d'environ 1,30 m) possédant une orientation légèrement différente des édifices postérieurs. Si sa datation reste difficile à estimer car aucun niveau contemporain de ces constructions n'a été mis au jour, un indice de l'importance du site au XIIe siècle est fourni par la découverte, en réemploi, d'une base de colonne gothique du milieu du XIIe siècle, de près de soixante centimètres de diamètre.

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Base de colonne gothique de la seconde moitié du XIIe siècle

© Bénédicte Guillot, Inrap



Le second château médiéval (XIVe et XVe siècles)

Le château daté des XIVe et XVe siècles est mieux conservé, avec une partie des élévations encore visibles. En l'état actuel des connaissances, il présente un plan en « U » renversé, ouvert au sud, et entouré par un grand fossé large de 13,50 m à l’ouverture et profond de 6,20 m.

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Maçonnerie appartenant au château médiéval sous les murs Renaissance

© Angélique Montes, Inrap

L'aile nord a globalement été reprise dans le tracé actuel, mais avec seulement trois grandes salles. L’une d’entre elles comporte une cheminée et une autre un pavement de carreaux en terre cuite glaçurés vert foncé, vert clair et jaunes, dont le décor est formé de panneaux séparés par des bandes axiales. Dans ce décor, quelques pavés décorés avec des croix de Malte, des fleurs de lys et des motifs de chasse (un cerf atteint d'une flèche, un cavalier sonnant du cor) ont été découverts. Des tours rondes sont présentes à chaque angle, et les vestiges d’une tour carrée, probablement plus ancienne, ont été identifiés sur la façade nord mais légèrement excentrée vers l'est, tour à laquelle s'adossent des latrines maçonnées à la fin du Moyen Âge. Les élévations extérieures des murs du logis sont épaulées par des massifs de soutènement rectangulaires.

L'aile orientale comprend une cave semi-enterrée et, au centre, une pièce pavée de carreaux en terre cuite en panneaux séparés par des bandes axiales, avec un motif en chevron par l'emploi de glaçure vert foncé et vert clair. Cette pièce, qui comprend une grande cheminée le long de son mur oriental, est ensuite transformée en cuisine avec la mise en place d'un aménagement servant à découper sur place les pièces de viande, probablement les animaux tués lors de chasses. Ce dernier se compose d'un grand bac en dallage calcaire posé au sol, avec une dénivellation permettant d'amener les fluides dans un caniveau débouchant sur l'extérieur.

Cuisine médiévale dans l'aile est avec , en bas de l'image, le mur médiéval arasé et le pavage en terre cuite ; à droite la cheminée en tuileaux et en arrière-plan le système de boucherie ; à gauche, mur d'un couloir du XVIe siècle.

Cuisine médiévale dans l'aile est avec , en bas de l'image, le mur médiéval arasé et le pavage en terre cuite ; à droite la cheminée en tuileaux et en arrière-plan le système de boucherie ; à gauche, mur d'un couloir du XVIe siècle.

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Photogrammétrie A. Montes, Inrap

Enfin, l'aile ouest semble plus importante, avec peut-être deux rangées de bâtiments côte à côte. Elle accueille une grande salle plus ancienne, ainsi qu’ une cave à cellules encore présente au centre de l'actuelle aile ouest.

La basse-cour 

La fouille de la Cour des Offices a permis de recueillir des données concernant la basse-cour du château, avec une partition très nette de l'espace : au sud, les fosses de rejet, un puisard et des latrines, au nord, un grand bâtiment et une cour ouvrant sur le Logis royal.

Aménagement : Centre des Monuments Nationaux
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap/Service archéologique de l’Aisne
Responsables scientifiques : Bénédicte Guillot, Inrap ; Thierry Galmiche (département de l'Aisne)