Artisanat textile
Fusaïoles et pesons sont de petits objets en terre cuite fréquemment retrouvés dans les dépotoirs de l’âge du Bronze. Les premiers ont pour fonction de stabiliser les mouvements du fuseau lors du filage et les seconds de tendre le fil sur les métiers à tisser. Leur présence indique donc une production textile, réalisée la plupart du temps dans le cadre domestique.
Construits en bois, les métiers à tisser ont quant à eux totalement disparu. Tout au plus en retrouve-t-on la trace, confirmée par une forte concentration de pesons, le long d’un mur de maison ou dans une structure semi-enterrée. Certains exemplaires figurent sur des roches gravées du val Camonica, dans les montagnes lombardes.
Pas plus que les métiers, les fibres animales ou végétales, a fortiori les vêtements textiles, n’ont résisté à la biodégradation. Les pièces d’habillement de l’âge du Bronze découvertes en fouille doivent se compter sur les doigts des deux mains. Si la tenue vestimentaire de la jeune fille d’Egtved, inhumée il y a quelque 3 000 ans dans le nord du Danemark, a pu être observée de nos jours, c’est parce que sa tombe a bénéficié d’un climat froid et sec et de pratiques funéraires particulièrement favorables : ici un « sarcophage » creusé dans un tronc de chêne (dont les propriétés chimiques facilitent la conservation) était enfoui sous un volumineux tumulus en mottes de gazon.
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Fusaïole en terre cuite, datée de l’âge du Bronze, mise au jour à Caudan (Morbihan). Le trou central de la fusaïole est destiné à recevoir l’extrémité du fuseau, dont il assure la rotation régulière lors du filage manuel.
© Sandrine Lalain, Inrap -
Pesons de métier à tisser en terre cuite datés de l’âge du Bronze, mis au jour sur le site de Caudan (Bretagne). De forme cylindrique, conique ou pyramidale, les pesons servaient à tendre uniformément les fils de chaîne des métiers à tisser. Ils sont souvent les seules traces permettant de détecter la présence d’une activité textile au métier à tisser sur le site. Hauts d’une dizaine de centimètres, ils pouvaient peser de 1,5 à 3 kg, selon le type de fibre utilisé.
© Xavier Hénaff, Inrap -
Restitution d’un métier à tisser de l’âge du Bronze. Il se compose de deux montants verticaux, d’un axe horizontal placé tout en haut, sur lequel est enroulée la chaîne (fils longitudinaux) du tissus, d’une baguette mobile servant à tasser les fils de trame (horizontaux), qui repose sur des supports fixés aux montants lors du tissage, enfin d’une barre fixe tout en bas, qui sépare les fils de la chaîne, maintenus en tension par les pesons disposés en deux rangées. Un pied fixé à l’arrière maintient le métier légèrement incliné, un peu à la façon d’un chevalet.
© Erik Gallouin, Inrap
(extrait du catalogue La Normandie à l’aube de l’histoire, dir. C. Marcigny, C. Colonna, E. Ghesquière et G. Verron)