La céramique

Que peut-on dire d’un archéologue qui fouille le sol sans y découvrir le moindre indice d’une vie passée ? Qu’il manque de pot ! 

Par chance, la céramique ayant été inventée au Néolithique, ses productions ont disposé de 4 000 ans pour se multiplier et se diversifier avant l’âge du Bronze, où elles sont devenues les ustensiles indispensables de la conservation et de la consommation des aliments, témoins privilégiés de la vie quotidienne.

 

Les objets en céramique, brisés et abandonnés, ont échappé à la destruction car ils sont imputrescibles. Les archéologues peuvent souvent recoller leurs fragments, et les pots qu’ils reconstituent sont pour eux de précieux marqueurs de l’espace et du temps.

Une large gamme d’ustensiles

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Qui l’eût cru ? Ce petit objet en terre cuite (hauteur : 7 cm), dont la forme évoque une gargoulette, pourrait être un biberon. Sa découverte dans une tombe du Bronze final à Kunheim (Alsace) permet de lui envisager une fonction symbolique, sans qu’on sache exactement laquelle… à moins qu’il ne s’agisse d’une sépulture de nouveau-né.

La batterie de cuisine et la vaisselle de l’âge du Bronze associent grandes jarres réservées au stockage, marmites, pots, jattes, gobelets, assiettes, cuillères et louches, cruches et pichets. Selon qu’elles sont grossières ou raffinées, les pièces indiquent des usages précis, des modes de cuisson, la naissance d’une hiérarchie sociale.

 

Présentes dès le début du IIe millénaire dans l’ouest de l’Europe, les urnes funéraires se multiplient au cours du Bronze final, accompagnant la généralisation de l’incinération. Rien n’indique toutefois qu’elles aient fait l’objet de fabrications particulières. Il est plus probable qu’elles soient au départ de simples contenants destinés à la vie domestique, dont le volume, la forme et l’ouverture aient permis leur affectation à la fonction de vase ossuaire.

La technique

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Reconstitution d’un atelier de céramique du Bronze final sur le site palafitte aujourd’hui immergé du Crêt-de-Châtillon (Sévrier, Haute-Savoie). Les céramiques y sont cuites dans un four à sole perforée, découvert en 1967 et considéré comme l’un des plus anciens fours de potiers de l’Europe occidentale. Cette technique de cuisson, qui permet la production de poteries fines, se répandra largement depuis la fin de l’âge du Bronze.

Si le tour de potier fait son apparition en Orient vers -6000, son usage ne se diffusera timidement en Europe occidentale qu’à l’âge du Fer. Les poteries continuent donc à être montées par une superposition de colombins ou de plaques d’argile ajustées sur une préforme. Déjà connues au Néolithique, ces techniques sont de mieux en mieux maîtrisées.

 

Sur les habitats de cette époque, les archéologues retrouvent parfois de petites cales en argile utilisées lors de la cuisson, de même que des soles perforées ou des parois de four qui montrent la maîtrise des techniques de cuisson acquises par les potiers au cours du Bronze final. 

Les décors et les styles

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Ce petit vase déposé en offrande dans une sépulture a permis de dater la nécropole dans laquelle il a été découvert, sur le site de Mané Mourin, au Bono (Morbihan), en 2013 : sa forme et ses décors de chevrons incisés en bandes horizontales sont attribuables au début de l’âge du Bronze (autour de 2000-1700 avant notre ère).

Comme au Néolithique, la poterie est omniprésente et le plus souvent de fabrication locale. Par ses formes et sa décoration, elle affirme toutefois de plus en plus des spécificités régionales, révélant des effets de mode et des influences entre cultures voisines ou éloignées. Ainsi, au gré du temps, les formes et les décors des poteries évoluent. Certes les perfectionnements techniques n’y sont pas étrangers, mais c’est surtout les influences culturelles successives se mêlant aux savoir-faire locaux qui vont faire évoluer les chaînes opératoires et les techniques décoratives.

 

Ainsi en est-il des gobelets dits « Campaniforme », dont les décors caractéristiques en bandes horizontales se retrouvent du sud de l’Europe (au Portugal) jusqu’en Ecosse entre -2500 et -2000, puis vers les Pays-Bas et le Danemark au début du IIe millénaire. À la fin de l’âge du Bronze, ce sont successivement les groupes à céramiques décorées de cannelures légères (entre -1350 et -1150), puis ceux porteurs d’autres vases, finement ornés de nombreux motifs gravés (entre -1150 et -950) que l’on arrive ainsi à pister sur une partie de L’Europe continentale.