Les métiers liés directement au bronze

Mineurs et métallurgistes

Les mineurs forment le premier maillon de la chaîne qui aboutit à la production d’objets en bronze. Le besoin de cuivre et d’étain a donné un formidable coup de fouet à l’activité d’extraction. Qu’ils soient déjà connus et jusqu’alors modestement exploités au niveau local ou prospectés et découverts dans le but de produire du bronze, les filons sont devenus une richesse pour les régions qui les possédaient.

 

Le minerai de cuivre était principalement extrait sur des sites montagnards, par des galeries de mines ou/et par des tranchées à ciel ouvert. Les mineurs creusaient le sol à l’aide de marteaux et de pics en pierre ou en bois de cerf pour les roches plus tendres ; ils utilisaient des pièces de bois (planchers, étais) pour éviter les effondrements. Quant à l’étain, sa forme minérale, la cassitérite, était soit récoltée à l’aide d’une bâtée (cuvette conique) dans les alluvions des rivières, du moins en Bretagne occidentale, soit dans des mines, comme en Suisse, dans le sud de l’Allemagne ou en Cornouaille (voir paragraphe 2  dans la première partie du magazine).

Artisans bronziers

Transportés sur de grandes distances, les lingots de cuivre et l’étain parviennent enfin chez l’artisan qui va les refondre et les associer pour leur donner diverses formes. L’organisation spatiale des ateliers de bronziers demeure un mystère, car les traces spécifiques de leur activité se résument la plupart du temps à quelques coulures de métal, débris de moules ou de creusets, ou encore à des fragments d’objets destinés au recyclage. Quelques rares objets destinés au travail post-fonte (enclume, marteau, limes, etc.) sont néanmoins connus.

 

Peu à peu, au cours du Bronze final, une nouvelle catégorie d’artisans centrés sur le travail du bronze voit le jour et se spécialise (métallurgie, forge, orfèvrerie, chaudronnerie) au fur et à mesure que les techniques de mise en forme du métal s’affinent.

Intermédiaires et commanditaires

Quant au bronze, l’approvisionnement lointain et régulier suppose non seulement l’existence de réseaux organisés, mais aussi d’accords, d’une maîtrise du commerce et du transport des matières premières. Qui décide de faire livrer dans une région donnée d’importantes quantités de métaux et qui les répartit entre les différents ateliers ? Il est peu probable que les artisans eux-mêmes en prennent l’initiative. Et qui commande à ces derniers les divers objets qu’ils façonnent ? On peut douter que l’orfèvre ou le chaudronnier fabrique des pièces en série puis attende qu’elles trouvent acquéreur. Mais alors ?

 

Il y a tout lieu de penser que des « marchands » se sont spécialisés dans l’acquisition et la distribution de denrées particulières, organisant leur transport sur de courtes ou longues distances et les livrant aux groupes ou individus qui en avaient besoin. On sait peu de choses des intermédiaires et négociants qui ont pris en charge ces échanges, si ce n’est qu’ils ont dû être des personnages influents.

 

Le travail du métal nécessite dorénavant des mineurs, forgerons, artisans et des marchands qui exercent leur activité à plein temps. Il faut donc que d’autres personnes leur fournissent en échange subsistance et bientôt protection. Il semble que l’âge du Bronze ait vu l’émergence d’une nouvelle catégorie d’individus, disposant au départ d’une certaine aisance matérielle, audacieux et confiants dans l’avenir de leur activité. Ces nouveaux aristocrates s’élèvent au-dessus du pouvoir traditionnel des clans établi à l’échelle de la ferme ou du hameau. C’est le début d’une plus forte hiérarchisation sociale qui va marquer les prochains millénaires.