Que mangeait-on à l'âge du Bronze ?

De quelles informations dispose-t-on pour approcher l’alimentation des populations de l’âge du Bronze ? Au cours des fouilles, les archéologues découvrent des quantités variables d’ossements de faune, de graines carbonisées ou fossilisées, auxquelles ils portent une attention particulière. En laboratoire, l’analyse isotopique des squelettes humains, en déterminant leurs teneurs en carbone et en azote, permet de cerner à la fois la nature et l’origine des différents types d’aliments qu’ils ont consommés.

De la viande

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Découpes de viande de porc à Villiers-sur Seine (Seine-et-Marne). L’étude des vestiges de faune a révélé la tenue régulière de « festins » dans ce site aristocratique de la fin de l’âge du Bronze. Le porc faisait partie des espèces domestiquées habituellement consommées. La viande (souvent de l’échine) était divisée en portions de taille similaire pour être distribuée lors d’événements.

Parmi les os retrouvés prédominent les espèces domestiques (porcs, moutons et bovins), les proportions variant selon les sites. Le gibier (essentiellement cerfs, sangliers et chevreuils) ne dépasse pas 10 %. Les animaux d’élevage étaient consommés plutôt jeunes.

 

Certains sites comme celui de Villiers-sur-Seine ont fourni d’importants vestiges de faune, sans rapport avec la taille de l’habitat, indiquant clairement que des festins collectifs devaient y être organisés plusieurs fois par an. On y consommait de jeunes porcs et du grand gibier (cerfs, sangliers), probablement servis avec de la bouillie de millet. La découpe semble avoir été standardisée de façon à obtenir des portions de viande à peu près équivalentes 

Des végétaux

La production et la consommation des végétaux apparaissent centrées sur les céréales (orge, blé, sorgho, millet) et, dans une moindre mesure sur les légumineuses (pois, fèves, lentilles) et les plantes oléagineuses (cameline, lin, pavot). Le décorticage des céréales était sans doute réalisé au mortier-pilon ou sur une meule en actionnant une molette en pierre par un mouvement et va-et-vient. Plusieurs sortes de blé pouvaient se prêter à la panification. 

 

Les fruits sauvages (pommes, prunes, raisins, noisettes et fruits du sureau), repérés par leurs graines et pépins carbonisés ou minéralisés sont assez rares. Les glands de chêne, toutefois, semblent avoir occupé une place importante dans certaines régions. Si vous voulez briller en société, vous pourrez ainsi tranquillement affirmer qu’à l’âge du Bronze les Corses étaient balanophages, après quoi vous rassurerez les défenseurs de la faune marine en expliquant que le terme désigne les personnes qui se nourrissent en grande partie de glands grillés ou bouillis ! Ceux-ci faisaient l’objet d’un traitement particulier (ils étaient grillés pour les sécher avant d’être mis en réserve), ce qui laisse penser qu’ils étaient destinés à l’alimentation humaine.

Une « protogastronomie » encore mal connue

Si les vestiges de nourriture font supposer un régime alimentaire omnivore, somme toute assez proche du nôtre, les modes de préparation, le nombre de repas, la façon dont ils étaient partagés ou pas demeurent, faute de textes ou de traces matérielles, assez mystérieux. Rien ne permet de supposer que nos lointains ancêtres du Bronze s’attablaient, assis sur des chaises, car tout mobilier en matériaux périssable… a disparu.

 

En revanche, la grande variété des céramiques destinées soit à la cuisson soit à la consommation des aliments induit que les façons de cuisiner et de manger étaient très diverses. Marmites pour faire bouillir, foyers domestiques ou fours collectifs collectifs pour cuire à l’étouffée ou griller, etc. Des faisselles indiquent que le lait était transformé en caillé ou fromages. Plats, assiettes, coupes et gobelets, pots et jarres complètent une batterie de cuisine que le bronze-métal ne semble pas avoir atteint. Les quelques belles vaisselles métalliques retrouvées en fouille semblent avoir été réservées à un usage cérémoniel.

Et que buvait-on lors ou hors des repas ? Avérée en Grèce, en Italie et en Espagne dès le IIIe millénaire, la production de vin – ni même d’ailleurs son importation – ne semble pas avoir atteint l’actuel territoire français avant l’âge du Fer. Cependant quelques dépôts rarement observés dans des tessons de pichet semblent provenir de boissons alcoolisées. Et la découverte relativement fréquente de graines d’amidonnier fermentées laisse entrevoir la fabrication d’une sorte de bière. Et à part cela ? De l’eau, du lait, mais pas de soda.