Les sanctuaires

Au-delà des lieux réservés à des actions propitiatoires au sein des espaces funéraires relevant de la sphère privée ou de la chefferie, certains sites semblent avoir eu une vocation large, à l’échelle de l’Europe, dépassant largement le carcan étroit des influences culturelles. 

voir le média:

Il existe, au sein de certaines nécropoles des vallées de la Seine et de l’Yonne, des monuments fossoyés d’une dizaine de mètres de diamètre, dont l’aire interne comprend une construction circulaire sur poteaux en bois (signalée ici par des trous de poteau). Comme ils sont dépourvus de sépulture, on peut supposer qu’il s’agit de lieux à vocation cultuelle, fréquentés à l’occasion de cérémonies et de commémoration. Ces « mini-henges » pourraient constituer des copies à échelle très réduite des grands monuments de Stonehenge et de Woodhenge localisés autour d’Amesbury dans le sud de l’Angleterre.

C’est le cas de celui de Stonehenge, probablement l’un des monuments les plus emblématiques du Néolithique et de l’âge du Bronze dans l’ouest de l’Europe. Ce sanctuaire, dont la construction s’étale sur près d’un millénaire à partir de la seconde moitié du IIIe millénaire, se compose d’un ensemble de structures concentriques : d’abord un fossé circulaire (un henge), d’un peu plus de 100 m de diamètre, qui est la construction la plus ancienne ; puis un double cercle délimité par des stèles, qui sera remplacé, au cours du Bronze ancien, par une nouvelle architecture circulaire délimitée par des trilithes (sortes de portes en pierre faites d’un linteau posé sur deux supports).

 

voir le média:

Restitution de la tombe de l’archer d’Amesbury et du mobilier, provenant de plusieurs pays d’Europe, qui l’accompagnait. Cette tombe, datée d’environ 2 300 ans avant notre ère, a été découverte à 5 km environ de Stonehenge (Angleterre).

En 2002, la découverte d’une tombe datée du Bronze ancien aux environs de Stonehenge, à Amesbury, a confirmé l’attrait qu’exerçaient de tels sites à l’échelle de l’Europe. L’analyse des isotopes de l’oxygène présents dans l’émail des dents de l’individu inhumé a en effet montré qu’il venait d’une région alpine (en Suisse, en Autriche ou en Allemagne). De nombreux objets accompagnaient cet homme d’une quarantaine d’années. Outre des brassards d’archer et des vases campaniformes, trois poignards en cuivre avaient été réalisés dans des métaux originaires d’Espagne ou de l’ouest de la France, tandis qu’une parure en or provenait d’Europe continentale. L’étude, parmi d’autres, de la tombe de l’archer d’Amesbury est venue étayer les hypothèses selon lesquelles le territoire européen était à l’époque un vaste espace où circulaient des voyageurs colportant des productions physiques mais aussi des idées ayant trait aux représentations idéologiques et religieuses. Ceci constitue sûrement l’un des éléments majeurs de cette nouvelle période qu’est l’âge du Bronze.

 

D’autres sites doivent avoir présenté le même attrait que Stonehenge entre la fin du IIIe millénaire et les premiers temps de l’âge du Bronze, tels les sanctuaires rupestres du Val Camonica, du Mont Bego et peut être même de Fontainebleau.