La ville gallo-romaine

Si l’existence de la ville gauloise reste à démontrer, il ne fait aucun doute en revanche que les plus lointaines origines de la ville actuelle, situées sur la partie ouest du plateau, datent des années 30 avant notre ère. Le reste s’urbanise au tout début de notre ère.

Les premières décennies de notre ère

Les premiers bâtiments (sites 4, 6, 7, 8, 10, 17, 19, 20 et 22) ont laissé peu de traces ; la plupart ont été détruits par des constructions ultérieures, intervenues exactement aux mêmes endroits. Fondées sur des poutres dites « sablières basses » reposant sur le sol ou sur de grossiers solins de pierre peu à peu remplacés par des murs bas maçonnés, les maisons étaient généralement montées en bois et torchis. Une fosse découverte sur le site des Jardins du Puygarreau (site 18) illustre l’activité de foulage, au cours de laquelle l’argile et la paille étaient mélangées pour obtenir le torchis.

Des voies, le long desquelles s’alignent les constructions, dessinent un premier « quadrillage » urbain. Dans les villes romaines, les axes perpendiculaires sont les decumani, orientés est/ouest, et les cardo, orientés nord/sud. À Poitiers, l’orientation des rues antiques s’adapte à la topographie, en suivant malgré tout un schéma général ouest-nord-ouest/est-sud-est pour les decumani et sud-sud-ouest/nord-nord-est pour les cardo.

Les données archéologiques sont toutefois insuffisantes pour que l’on puisse dresser un plan d’ensemble de la ville à cette période.

Un exemple d’urbanisation en Gaule romaine

Le bâti couvre l’ensemble du plateau dès les années 50 de notre ère et s’étend sur le versant oriental à la fin du Ier siècle.

Le cœur de la ville antique est généralement marqué par le forum. Cette place publique, où se concentraient des commerces et les principaux bâtiments de la vie politique, n’est toujours pas précisément localisée pour Limonum : sous la place Leclerc (site 14), à l’ouest des Cordeliers (site 19), entre les Cordeliers et la rue de la Marne (site 8) ? Elle se situe sans aucun doute entre les deux grands monuments placés aux limites sud et nord de la ville, l’amphithéâtre et les thermes publics de Saint-Germain, qui semblent se répondre d’un bout à l’autre de trois axes parallèles traversant tout le plateau. L’axe central est aujourd’hui repris par le tracé de la rue de Magenta (site 11).

À l’ouest, la falaise qui surplombe la Boivre forme une limite naturelle.

À l’est, la pente qui s’accentue rue des Feuillants et, un peu plus au sud, dans une partie de la rue des Carolus, constitue elle aussi une limite, sur laquelle sont installées de riches maisons (domus). Elle ne marque pas cependant une bordure définitive, comme en témoigne, dès la fin du Ier siècle, l’aménagement d’un quartier suburbain de l’autre côté du Clain, sur une terrasse haute coincée entre la rivière et les falaises qui bordent la vallée.

À la sortie de la ville, des nécropoles prennent place le long des axes principaux. Côté oriental, elles se cantonnent sur la rive est du Clain ; puis, lorsque le faubourg est abandonné dans la seconde moitié du IIIe siècle, elles se rapprochent de la ville (sites 28 et 29).

Plan des monuments antiques et des principaux sites archéologiques de Limonum. Les grands monuments, tout comme les nécropoles, marquent les limites d’extension de la cité.