Historiens et antiquaires des mondes anciens et médiévaux
Aux époques anciennes et médiévales, l’historien se fonde sur des documents écrits pour établir des listes de souverains et rédiger des chroniques fondatrices. L’antiquaire, lui – tout comme plus tard l’archéologue –, s’appuie sur des monuments, des objets et des traces matérielles pour reconstruire et interpréter le passé, l'histoire qui n'est pas écrite.

Tu Chin, fin XVe siècle. Taipei, Musée national du Palais. © Musée national du Palais, Taipei (Taïwan), Dist. RMN-Grand Palais/Image NPM
Cette passion pour l’exploration et la description des vestiges anciens semble avoir existé depuis fort longtemps. Dans l’Égypte et la Mésopotamie du IIIe millénaire avant notre ère, des scribes étudient et restaurent les monuments et les statues pour consolider le pouvoir de leurs souverains. Environ dix siècles avant notre ère, les érudits chinois observent systématiquement les formes et les inscriptions des vases rituels en bronze de la dynastie Shang, dont ils établissent les premières classifications. Bien attestée à travers le monde méditerranéen et l’Asie, cette curiosité méthodique se manifeste aussi en Afrique et en Océanie, où la collecte et l’observation de vestiges matériels s’associent à la transmission orale pour étayer un discours historique.

Miracle de saint Sylvestre, vers 1340, Maso di Banco, Église Santa Croce, Florence. © Bridgeman Images/Mondadori Electa
En Europe, l’« histoire », au sens moderne du terme apparaît au Ve siècle avant notre ère en Grèce : à la tradition mythologique s’ajoute alors une narration crédible et intelligible du passé, fondée sur la critique et la comparaison des textes anciens et s’appuyant notamment sur des témoignages matériels. Entre la chute de l’empire romain et le XVe siècle, les hommes du Moyen Âge collectionnent et conservent les vestiges de civilisations antérieures, souvent dans le but de légitimer le pouvoir ou d’entretenir la ferveur religieuse (notamment à travers les reliques). En Occident comme dans l’Orient musulman, des fragments d’architecture et de décoration de bâtiments anciens sont délibérément récupérés et intégrés, pour leur apport symbolique, dans les édifices contemporains.