Contacts, acculturation et culture matérielle
Toujours dans les années 1930, V. Gordon Childe, un archéologue australien établi en Angleterre, donne une définition assez similaire des cultures : « Nous trouvons certains types de vestiges – des poteries, des décorations, des rites funéraires, des architectures de maisons – qui apparaissent ensemble constamment. Un tel “complexus” de traits associés sera appelé un “groupe culturel” ou tout simplement une “culture”. De plus, nous assumons qu’un tel complexe est l’expression matérielle de ce que l’on appellerait aujourd’hui un peuple. » Cette définition-là, devenue depuis courante, n’est pas portée par une idéologie diffusionniste, mais plutôt par une conception matérialiste qui met en jeu des dimensions environnementales et technologiques.
Dans les générations suivantes, sous l’influence de l’anthropologie culturelle mais plus largement en rapport avec des développements historiques et politiques tels la Deuxième Guerre mondiale et les décolonisations, les archéologues vont mieux cerner et « problématiser » la notion de culture. Loin d’y voir une propriété essentialiste immuable, qui appartiendrait exclusivement aux membres d’un peuple donné, la culture se comprend comme une ressource symbolique, sujette à de multiples variations et manipulations au sein du groupe étudié comme dans ses interactions extérieures. Ainsi, par exemple, certains types d’armes et de parures ne sont pas nécessairement la marque d’un peuple déterminé, mais l’attribut d’un groupe social – des jeunes guerriers initiés, en l’occurrence – attesté au sein de plusieurs tribus voisines. De même, des éléments culturels ne se répandent et ne s’imposent pas à la suite d’une supposée supériorité inhérente. Au contraire, les nouvelles approches de la culture matérielle montrent bien la gamme des considérations stratégiques, sociales, économiques et technologiques impliqués dans les processus d’emprunts, d’adoption, de rejet, de transferts et d’acculturation.