Inhumation et incinération
Les différentes étapes de l’âge du Bronze se déroulent dans un rapport étroit avec les arts du feu : de la céramique héritée du Néolithique à la métallurgie, innovation phare de la période, du bouillage du sel à la production des premières perles de verre.
Ne se contentant plus d’utiliser telles quelles les richesses naturelles de leur environnement pour entretenir leur vie, les hommes ont entrepris de les fondre, de les brûler et de les transformer pour leur donner une forme nouvelle. Comment, dès lors, ne pas être tenté d’imaginer que la généralisation de l’incinération ait pu découler de la volonté d’appliquer aux défunts le formidable pouvoir de transmutation du feu ?
L’idée généralement répandue est que, vers -1300, la pratique de l’inhumation aurait peu à peu été remplacée par l’incinération. Mais là encore il faut se méfier des généralisations, car de rares incinérations ont été pratiquées dès le Bronze ancien, tandis que des inhumations perdurent et voisinent souvent avec des incinérations dans les cimetières du Bronze final. L’un et l’autre traitement des corps ont pu alterner dans certaines régions, ou tout simplement coexister comme c’est encore le cas à notre époque.
Dans le cas des inhumations, le défunt est déposé dans une fosse de forme allongée, sur le dos ou en position fœtale. Aucune règle ne semble encore prévaloir quant à l’orientation des corps. Même si ses vêtements n’ont pas résisté au temps, on retrouve fréquemment des accessoires qui devaient leur être attachés (boutons, agrafes, anneaux, épingles en os ou en métal…), des éléments de parure (perles d’ambre ou de verre, fibules…) et des objets du quotidien (couteaux, récipients en céramique, pesons, fusaïoles…).
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Inhumation de la nécropole de la Croix de la Mission à Marolles-sur-Seine (Seine-et- Marne), fouillée en 1997. Datée du Bronze ancien au Bronze final, cette nécropole a livré un ensemble de 13 enclos circulaires associés à 9 inhumations et 32 incinérations. Elle a été utilisée pendant plus d’un millénaire entre 2000 et 800 avant notre ère.
© Nathalie Ameye, Inrap -
Ensemble de perles en ambre retrouvé dans une sépulture du Bronze final de la nécropole de la Croix Saint-Jacques à Marolles-sur-Seine (Seine-et-Marne). Il faisait partie du dépôt d’effets personnels accompagnant le défunt incinéré.
© Carlos Valéro, Inrap -
Sépulture à inhumation de la fin de l’âge du Bronze appartenant à la nécropole du Petit Moulin à Migennes (Yonne) (a). Elle comprend deux ensembless d’objets exceptionnels. Le premier, retrouvé au niveau du bras de l’individu, regroupe des objets divers dans ce qui semble avoir été un petit coffre ou une sacoche en matériau périssable : un poignard, des pincettes, une alène, des pointes de flèche et des instruments de pesée (petit fléau de balance en os et poids) (b). Le deuxième ensemble comprend des outils de métallurgiste (marteau, enclume, affûtoirs), des fragments de bronze et d’or. Les individus « porteurs de balances », sans doute des artisans métallurgistes ou des orfèvres, détenteurs d’un vrai savoir-faire, jouissaient d’un statut privilégié au sein de la société de la fin de l’âge du Bronze (c).
© Loïc de Cargouët, Luc Stanjaszek, Inrap

Lorsqu’un individu est incinéré, son corps est placé sur le bûcher, accompagné de quelques objets métalliques personnels (épingles, bracelets, rasoirs…). De ces derniers ne subsisteront que quelques fragments fondus, qui seront mêlés à une partie des ossements brûlés, parfois brisés, souvent lavés, et à quelques poignées de résidus cendreux. Le tout est alors soit répandu à même le sol de la tombe, soit placé dans une urne, et peut être complété par l’ajout d’objets non brûlés. L’urne est placée en terre, éventuellement calée par des blocs de pierre et surmontée d’un couvercle, véritable système de fermeture (céramique retournée, dalle de calcaire…). L’érosion des sites a effacé toute trace d’un marquage en surface, mais on peut imaginer que l’emplacement était surmonté d’un petit tertre.