Les rites funéraires
La pratique de l’incinération est la plus courante durant les deux premiers siècles de l’ère chrétienne. Elle perdure même sur la nécropole des Dunes (site 30) jusqu’au tout début du IVe siècle.
Puis, à partir du milieu du IIIe siècle, l’inhumation devient le rite funéraire principal (sites 29 et 30). Les objets déposés dans les tombes sont peu nombreux : un vase en terre cuite ou deux, un récipient en verre, une ou plusieurs monnaies placées sur les yeux du défunt ou dans une de ses mains (obole à Charon). Le mort porte parfois ses objets personnels (bijoux, outils).
Des festins sur les tombes
Aux Caillons (site 29), un petit monument funéraire est construit dans la seconde moitié du Ier siècle sur des terrains en bord de Clain. Sa niche centrale, qui abrite les cendres du défunt, contient la statue d’un personnage assis en tailleur. De petits creusements trouvés à ses pieds, dont un comportait deux monnaies et des charbons, trahissent des rites de libations : du lait ou du vin était probablement versé dans ces trous pour honorer le défunt.
Dans la seconde moitié du IIIe siècle, des sépultures à inhumation sont installées tout autour. Les postures de certains corps indiquent que le défunt ou la défunte était couché sur le côté, callé par un coussin comme au triclinium (salle à manger équipée de banquettes surélevées sur lesquelles ont s’allongeait de côté pour manger). Des restes alimentaires dans et autour des tombes témoignent de festins rituels organisés pour célébrer la mémoire des morts.
La Parentatio se déroulait soit le jour des funérailles soit à la date anniversaire du décès. Toute la famille se réunissait alors devant la tombe pour manger avec le défunt et lui faire des offrandes.
Les Parentalia, les « jours des morts », commençaient chaque année le 13 février. Les tombes étaient entretenues, embellies, et on offrait du vin, quelques grains de blé et du sel aux morts. Elles se terminaient le 21 février avec la célébration des Feralia où, comme cela se faisait à la Parentatio puis au 9e jour suivant les funérailles, on venait à nouveau festoyer avec le mort.
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Petite construction funéraire du site des Caillons (site 29), avec des fosses à libations creusées sur le devant.
© Frédéric Gerber, Inrap. -
Reliquats de banquets funéraires consommés sur les tombes ou offrandes de pièces de viande (site 29). De nombreux ossements sont encore en connexion anatomique.
© Frédéric Gerber, Inrap. -
Sur le site de la nécropole des Caillons (site 29), le squelette d’une femme a été retrouvé couché sur le côté, jambes croisées. La défunte a été enterrée sur son brancard mortuaire en position de repas, le dos probablement calé par de gros coussins.
© Frédéric Gerber, Inrap. -
Cortège funéraire taillé en bas relief sur un sarcophage de la seconde moitié du Ier siècle avant notre ère. Les parents, amis et clients, accompagnés de pleureuses, portent la défunte sur son lit mortuaire, où elle est disposée pour assister à son repas funèbre.
© Musée national de San Vittorino, Italie. -
Coupes des tombes à incinération, composées de cuves en pierre (cistes), et de tombes à inhumation, couvertes de tuiles disposées en bâtières, fouillées par le père Camille de la Croix à la nécropole des Dunes (site 30) en 1878. Certaines tombes sont équipées de tuyaux en terre cuite servant aux libations.
© Archives de la Société des Antiquaires de l’Ouest.