Limonum, capitale des Pictons

Les Pictons étaient un peuple gaulois dont le territoire s’étendait sur les actuels départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et sur le sud de la Vendée. Leur capitale était Limonum (du gaulois lemo ou limo, qui signifie « orme »).

L’époque gauloise

La tête celtique de Poitiers (hauteur : 15,7 cm ; largeur : 14,7 cm ; diamètre : 15,6 cm) a été découverte lors des fouilles du Théâtre Auditorium de Poitiers (site 8) dans une tranchée de récupération de mur datée de la fin du Ier siècle. Cette sculpture gauloise en calcaire date probablement de la fin du IIIe siècle ou du IIe siècle avant notre ère. Elle devait appartenir à une statue représentant un grand personnage ou un héros mythique qui décorait l’entrée de la ville gauloise. © Jean-Paul Nibodeau, Inrap.

Les traces de l’époque gauloise à Poitiers restent aujourd’hui encore très ténues et l’on cherche toujours la « ville » des Pictons contemporaine de la Conquête. On sait que Limonum était un oppidum (site fortifié gaulois) qui devait occuper le vaste promontoire calcaire encadré, une cinquantaine de mètres plus bas, par les vallées de la Boivre et du Clain, qui correspond à l’actuel centre ville.

Ce sont les fouilles de la rue de la Marne (site 8) et des rues environnantes qui ont fourni les indices archéologiques les plus tangibles : des trous de poteaux, des fosses et des fossés, des sols et des fonds de cabane (ateliers semi-enterrés) y indiquent la présence d’un habitat structuré. Tous sont datés des cinquante dernières années avant notre ère.

Le marais poitevin est un ancien golfe qui s’est peu à peu envasé et comblé. Il est probable qu’au Ier siècle avant notre ère, les bateaux de mer pouvaient encore s’avancer pratiquement jusqu’à Niort. On comprend donc mieux comment les Pictons, peuple de marins, ont pu aider César dans son combat contre les Vénètes en lui fournissant des hommes et des bateaux de guerre.

© DR

Des échanges culturels précoces

Monnaie gauloise en or (statère) frappée par les Pictons au IIIe siècle avant notre ère. Elle appartenait à un trésor (un dépôt d’une centaine de pièces) découvert à Chevanceaux en 1955. Elle porte sur l’avers un visage représentant à l’origine Philippe II de Macédoine (IVe siècle avant notre ère). Les Gaulois se sont en effet inspirés de monnaies grecques pour façonner les leurs, mais en y mêlant leur propre mythologie. Le revers de cette monnaie apparaît ainsi orné d’un cavalier ailé, dressé sur son cheval à tête humaine, ainsi que d’une main dont la symbolique n’est pas connue. © Christian Vignaud, Musées de Poitiers.

Quelques éléments témoignent d’une fréquentation plus ancienne des lieux. Ainsi les amphores découvertes sur ce même site (site 8)  ont servi à approvisionner Limonum en vin italien dès le IIe siècle avant notre ère, avec un pic d’importation vers -50, c'est-à-dire au moment de la conquête romaine.

En -51, le chef de la tribu voisine des Andes, nommé Dumnacos et favorable à Vercingétorix, assiège Limonum, où s’est enfermé le Picton Duratios, allié des Romains. Après la Conquête, César remerciera les Pictons pour leur aide en leur offrant le pays des Ambilatres et en agrandissant ainsi leur territoire jusqu’à la Loire sur tout son cours inférieur.

Objets provenant des niveaux gaulois les plus anciens fouillés rue de la Marne (site 8) à Poitiers. 1 et 2 : fragments de broches (fibules). 16 et 17 : fragments de bracelet en lignite. 36 : anse de gobelet en bronze.

© Dessins Patricia Mornais, Inrap.