À Guilers, l'Inrap fouille une vaste superficie qui a livré des vestiges s'échelonnant entre l’âge du Bronze et le Moyen Âge, dont ceux d'une ferme et de caves du premier âge du Fer, d'un enclos gallo-romain et d'une ferme médiévale plusieurs fois réaménagée du IXe au XVe siècle.

Dernière modification
07 avril 2021

Une équipe de l’Inrap mène actuellement une fouille à Guilers (29), dans le cadre d’une extension des carrières de Kerguillo. Prescrite par le service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne), cette opération d’une durée de six mois fait suite à un diagnostic archéologique réalisé au cours de l’hiver 2018-2019. Couvrant une superficie totale de 5 hectares, le site a livré de nombreux vestiges qui mettent en évidence des occupations humaines de l’âge du Bronze jusqu’au Moyen Âge. Ces implantations se sont faites dans des zones distinctes au fil du temps, sans se superposer les unes aux autres.

Au sud, une ferme du premier âge du Fer (- 500 à – 400 ans)

Le projet d’aménagement borde la vallée du Triour. Ce site a été fréquenté dès la Protohistoire, comme l’atteste la découverte d’une tombe à crémation datant de l’âge du Bronze moyen ou final (entre  1500 et 800 ans avant notre ère).

À la fin du VIe siècle ou dans le courant du Ve siècle avant notre ère, les hommes de l’âge du Fer choisissent l’extrémité sud de ce plateau dominant la vallée de la Penfeld pour installer une ferme. Un enclos oblong, délimité par un fossé, clôt un espace d’une superficie de 1300 m2. L’entrée, d’une largeur de 10 mètres, est située au sud dans le point bas de l’enclos.  À l’intérieur de l’enclos, les archéologues ont repéré deux grandes tranchées rectilignes munies d’accès aménagés en escalier.

Cave du premier âge du Fer, l'accès se fait par un escalier en partie condamné par le gros bloc de quartz au premier plan.

Cave du premier âge du Fer, l'accès se fait par un escalier en partie condamné par le gros bloc de quartz au premier plan.

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Inrap

Il s’agit de caves caractéristiques des habitats retrouvés dans l’ouest de la péninsule armoricaine pour cette période. Dans le même secteur, des fosses de calage de poteaux ainsi que des vestiges de fours et de foyers domestiques attestent la présence de plusieurs bâtiments. Plus loin dans l’enclos, un autre bâtiment, de forme circulaire, a été identifié. Sa localisation sous le probable talus bordant le fossé pourrait indiquer son appartenance à une phase plus ancienne de l’occupation.

Cave du premier âge du Fer, l'accès se fait par un escalier situé au premier plan mais partiellement détruit lors du diagnostic.

Cave du premier âge du Fer, l'accès se fait par un escalier situé au premier plan mais partiellement détruit lors du diagnostic.

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Inrap


 

À l’ouest, un enclos à vocation agricole gallo-romain (IIe-IIIe siècle de notre ère)

Dans la partie ouest de la fouille, les archéologues ont mis en évidence une occupation de la période antique. Elle se présente sous la forme d’un enclos quadrangulaire d’une superficie interne de 680 m2. Les traces partielles de plusieurs bâtiments ont été mises en évidence dans un contexte topographique pourtant peu favorable, marqué par une forte pente.

Bâtiment antique, vue des fosses de calage de la structure porteuse. L'absence de foyer pourrait indiquer une fonction agricole ou artisanale.

Bâtiment antique, vue des fosses de calage de la structure porteuse. L'absence de foyer pourrait indiquer une fonction agricole ou artisanale.

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Inrap

En dépit de la relative abondance de mobilier céramique mis au jour (vaisselle commune de table ou de cuisson), cet ensemble est pour le moment interprété comme une annexe agricole et artisanale, associée à un habitat plus vaste se développant plus à l’ouest sur le plateau, en dehors de l’emprise de fouille. Le mobilier archéologique mis au jour indique que cette partie du site aurait été occupée entre le IIe siècle et le IIIe siècle de notre ère.

Fouille d'un bâtiment antique.

Fouille d'un bâtiment antique.

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Inrap

Au nord, une ferme du Moyen Âge (IXe-XVe siècles)

La partie nord de l’emprise de fouille recèle quant à elle les vestiges d’une occupation médiévale. Celle-ci se matérialise par une succession de fossés dessinant les limites d’enclos successifs depuis le IXe-Xe siècle de notre ère jusqu’au XIVe-XVe siècle sans doute.

Bâtiment médiéval en cours de fouille.

Bâtiment médiéval en cours de fouille.

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Camille Lavenu, Inrap

Entre le Xe et le XIIe siècle, l’enclos adopte une forme trapézoïdale dont la superficie interne approche 1500 m2. Des bâtiments à vocation domestique, agricole et artisanale sont adossés au talus bordant un profond fossé taillé en V et sont ainsi protégés des vents d’ouest dominants dans la région. De nombreux réaménagements sont perceptibles dans la plupart des bâtiments étudiés et attestent la pérennité de l’implantation.

 superposition du parcellaire médiéval et du talus actuel. Pérennité des limites parcellaires dans le temps.

Talus médiéval : superposition du parcellaire médiéval et du talus actuel. Pérennité des limites parcellaires dans le temps.

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Inrap

La ferme connaît en particulier un agrandissement important, avec l’adjonction d’un nouvel enclos d’une superficie de 1000 m2 et de nouveaux bâtiments à l’architecture mixte (bois et pierre). Un espace agricole concentrant des fours servant au séchage des céréales ainsi que des fosses de charbonnage a été mis en évidence dans un secteur situé à l’écart de l’enclos d’habitat.

De nombreux fossés ont également été mis au jour. Ils témoignent de la mise en place et de l’évolution d’un réseau de parcelles agricoles et de probables chemins associés à cette ferme. Une grande partie de ces parcelles ont modelé la campagne depuis le Moyen Âge jusqu’à une période récente.

Aménagement  Carrières : Kerguillo
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Michel Baillieu, Inrap
Responsable scientifique : Éric Nicolas, Inrap