Sur la commune de Saint-Marcel (Morbihan), préalablement à la construction d'un lotissement, une équipe de l'Inrap a étudié une ferme gallo-romaine et une nécropole de l'Antiquité tardive.

Dernière modification
19 février 2016

La ferme, en activité du milieu du IIe siècle jusqu'au IIIe siècle inclus, est édifiée sur la partie haute d'un versant de colline, bien exposé au sud-ouest. Elle se compose d'un enclos à l'intérieur duquel sont conservés quelques vestiges (trous de poteau, fosses). À l'extérieur, des bâtiments utilitaires (granges, grenier, etc.) longent un chemin d'accès. Un puits alimentait la ferme en eau. Après l'abandon de cet habitat, les champs continuent d'être exploités. De la seconde moitié du IVe siècle jusqu'à la fin du Ve siècle, une nécropole prend place au sud-est de la ferme antique elle-même réaménagée et agrandie.

 


La nécropole de l'Antiquité tardive

La nécropole de Saint-Marcel, mise au jour dans sa totalité, est une découverte exceptionnelle : elle est le premier espace sépulcral de la fin de l'Antiquité étudié en Bretagne.
Partiellement délimitées par des fossés, les 45 tombes organisées en rangées, correspondent à de grandes fosses quadrangulaires, orientées du nord-ouest vers le sud-est. Douze sépultures conservent des indices de coffrages ou de cercueils. Dans 18 cas, la composition du sol et une faible érosion ont permis la préservation d'informations capitales sur le mode d'inhumation : les défunts sont enterrés habillés, avec leurs parures et objets personnels, et leurs proches effectuent des dépôts funéraires dans l'une des extrémités de la tombe. Ces caractéristiques sont communes aux nécropoles de même époque connues ailleurs. Mais, la présence d'une petite construction en matériaux périssables abritant trois sépultures constitue un mode d'inhumation plus original.

Le mobilier archéologique de la nécropole

Les objets composant les dépôts funéraires, ainsi que les accessoires vestimentaires des inhumés, constituent une source d'informations sur la culture de la population vivant à Saint-Marcel à la fin de l'Antiquité. Plusieurs objets métalliques - décoration de ceinture, agrafes de vêtement, bracelets - se singularisent par leur décor. L'analyse stylistique (identification des motifs et des schémas décoratifs) a permis de mettre en évidence des points communs. Ils appartiennent à un style caractérisé à partir de découvertes effectuées principalement dans le sud-est de l'Angleterre et datées du courant du Ve siècle. Certaines particularités pourraient alimenter l'hypothèse, déjà formulée outre-manche, de l'existence d'ateliers continentaux.

Les influences culturelles

Différents motifs présents sur les accessoires vestimentaires de Saint-Marcel ont été identifiés dans le corpus des découvertes anglaises composant le Quoit Brooch Style. Ils constituent le témoignage d'une production originale, imprégnée des interactions fortes existant alors entre le monde romain tardif et la culture germanique. D'où la complexité du travail de détermination culturelle de la population inhumée à Saint-Marcel. Signalons que quelques objets décorés dans le Quoit Brooch Style sont recensés sur d'autres sites continentaux, ainsi à Pont-de-Buis (Finistère), Réville (Manche), Bénouville (Calvados), Amiens et Thennes (Somme) et, plus au sud, à Herpes (Charente).