Au bord du Rhône, au pied du massif du Malpas, une équipe d’archéologues de l’Inrap a fouillé une partie d’un espace thermal antique, dont l’occupation se situe entre le Ier et le IVe siècle après J.-C.

Dernière modification
16 décembre 2024

Située sur la rive droite du Rhône, à environ 6 km de Valence, la commune de Soyons a fait l'objet de recherches archéologiques qui ont démontré une occupation continue du Paléolithique au Moyen Âge, en plaine et sur le site de hauteur du Malpas. Pour la période antique, des éléments de trame urbaine organisés autour d’une voie et des vestiges d’habitat ont ainsi été enregistrés sous le village actuel et ses abords. Tous ces éléments concourent à identifier Soyons comme une agglomération secondaire antique. Il s’agit cependant ici de la première fouille préventive sur la commune. La parcelle concernée par cette opération, d’une superficie de 920 m2, est localisée en dehors de l’agglomération supposée.

L’ensemble thermal

Le plan des vestiges mis au jour fait apparaître un ensemble incomplet composé de maçonneries imposantes, de bassins et de structures hydrauliques. Trois espaces ont été définis avec au moins six bassins.

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Vue en photogrammétrie des bassins conservés.
© Cédrick Chatellier, Inrap

Ceux-ci ont des surfaces variant de 4 m2 à 24 m2 pour le plus grand. Ils sont aménagés avec du mortier de tuileau et sans doute ornés, car un fragment de plaquette de marbre a été observé encore en place sur le sol de l’un d’eux. Une banquette est construite sur le pourtour d'un des bassins.
L’évacuation de l’eau se faisait au moyen de conduites en terre cuite disposées dans les parois ou par des caniveaux maçonnés, installés sous les bains. 

Une structure hydraulique plus imposante, avec un passage voûté entre deux murs, pourrait être destinée à l’évacuation d’un flux d’eau plus conséquent. Des aménagements empêchant la remontée d’humidité dans les maçonneries adjacentes ont été ajoutés (bourrelets de mortier hydraulique, ressauts de fondations). Cet ouvrage était peut-être nécessaire pour évacuer l’eau de la partie résidentielle de la villa, située au-dessus.

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Ressaut de fondation pour isoler de l’humidité.
© Delphine Béranger, Inrap

Le réseau d’évacuation des eaux usées converge vers un collecteur, aménagé entre deux maçonneries servant également de mur de terrasse. La hauteur conservée de cet ouvrage est imposante : 1,72 m.

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Le collecteur.
© Delphine Béranger, Inrap

Des conduites en terre cuite ont été agencées pour drainer la parcelle et évacuer les eaux de ruissellement. Celles-ci sont formées de deux imbrices (tuile creuse semi-cylindrique) l’une sur l’autre, formant un canal d’évacuation. L’eau récoltée se jette ensuite dans un caniveau principal où de l’eau de source circulait encore lors de l'intervention archéologique, ce qui permet de déterminer que l’usage des bassins est lié à de l’agrément et non à de l’artisanat.

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Les conduites installées dans la paroi du collecteur.
© Delphine Béranger, Inrap

C’est donc un système élaboré de gestion des eaux usées s'appuyant sur de nombreux aménagements hydrauliques et une source qui a été aménagé ici.

Un autre exemple de la parfaite gestion de l’eau est la mise en place d’un fond de dolium (grande jarre) dans un massif maçonné qui servait sans doute à recueillir l’eau de ruissellement de la toiture de cet ensemble balnéaire. Un orifice est percé dans sa panse afin de permettre l’évacuation d’eau, qui s’écoule ensuite dans un petit canal maçonné raccordé au caniveau principal.

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Vue du dolium et de son évacuation vers la source.
© Delphine Béranger, Inrap

Si les évacuations sont bien attestées, en revanche les adductions d’eau font défaut. Il n'existe aucun indice sur le mode de remplissage des bassins. Une emboiture en fer de canalisation en bois a cependant été mise au jour. On peut imaginer des installations en amont du site qui profitent de la présence d’une source pour la diriger ensuite vers les installations balnéaires.

Si l’emprise réduite de la fouille et l’état de dérasement du site ne permettent pas de restituer le plan des thermes, on peut penser qu’il s’agit ici de la zone froide. Des pilettes d’hypocauste et des tubulures ont été mises au jour en contexte secondaire, sans pour autant que le praefurnium (pièce avec le fourneau assurant le chauffage des pièces chaudes et tièdes) ait été localisé précisément. Bien que situé en périphérie de l’agglomération antique supposée, mais sur un emplacement à la vue privilégiée sur le Rhône, cet ensemble a livré de nombreux éléments de confort (enduits peints, marbres, instrumentum) marquant peut-être un statut particulier de cet équipement.

Aménagement : Particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Delphine Béranger, Inrap