Depuis le 20 septembre 2021, l’Inrap mène une fouille archéologique, prescrite par la Drac Île-de-France) dans la ville de Melun. La principale découverte à ce jour concerne un four de tuilier gallo-romain, mais des occupations médiévale, moderne et contemporaine sont également mises au jour.

Dernière modification
30 novembre 2021

L’environnement archéologique

Située à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Paris, l’agglomération de Melun s’est développée dans un méandre de la Seine, de part et d’autre du cours d’eau, entre les plateaux de Brie et du Gâtinais.

La parcelle de 2000 m² étudiée par les archéologues est située sur la rive nord de la ville. Elle est exclue du cœur de la ville antique (Melodunum) et à peu de distance de l’enceinte médiévale. Le quartier doit son nom à l’église Saint-Liesne, construite au XIe siècle, du nom de l’évangélisateur du melunais. Ce faubourg sera rattaché à la ville royale de Melun au milieu du XVIe siècle.

Au sein de la ville actuelle, les différentes périodes chronologiques mises au jour lors d’opérations archéologiques s’étendent de l’âge du Bronze final (Xe – IXe siècles avant J.-C.) à l’époque moderne (XVIe – XVIIIe siècles après J.-C.) avec une forte activité au Haut-Empire (30 avant J.-C. à 275 après J.-C.).

La fouille en cours recoupe ces périodes puisque les premiers résultats de l’étude stratigraphique, des vestiges excavés ou construits ainsi que des mobiliers retrouvés, indiquent des occupations aux périodes antique, médiévale et moderne.

Un four de tuilier gallo-romain à Melun

Dans l’Antiquité, Melodunum, fertile et riche en ressources, occupait une place éminente parmi les cités de la province lyonnaise, à laquelle elle était rattachée. Melun se trouve à l’extrémité nord-ouest de la province, sur le territoire des Sénons, non loin des limites avec les cités voisines des Meldes (autours de Meaux), des Parisii (autour de Paris) et des Carnutes (autour de Chartres et Orléans). Dès le Ier siècle, l’occupation gallo-romaine est présente au sud de la Seine, et sur l’Île Saint-Etienne.
Les archéologues mettent au jour actuellement un grand four de tuilier (18 m de longueur sur 3 à 4 m de largeur) vraisemblablement construit à cette époque. C’est une découverte inédite à Melun. Il possède une chambre de chauffe à cinq cloisons voûtées construites en tuiles plates (tegulae). D’après les exemples ethnographiques, une cuisson pouvait durer entre sept et quinze jours, jusqu’à atteindre la température de chauffe souhaitée puis en maîtriser le lent refroidissement. Des fours similaires sont connus en Gaule du Nord depuis au moins le tournant de notre ère (notamment à Mours, dans le Val d’Oise).

Le four de la rue Saint-Liesne semble présenter plusieurs phases de réfection et réaménagement. Un amas vitrifié de ratés de cuisson de tuiles rondes (imbrices) est conservé dans l’un des conduits de chaleur.
Une étude archéomagnétique permettra de dater sa dernière utilisation.

Aménagement : Groupe Édouard-Denis
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Gilles Desrayaud, Inrap