À Évreux, l'Inrap a découvert des vestiges datant de l'âge du Bronze témoignant d'une occupation du site sur plusieurs générations. De nombreux trous de poteaux attestent de l'existence d'une dizaine de bâtiments de stockage ou d'habitations.

Dernière modification
04 mars 2022

Après presque trois ans d’interruption, les travaux de la déviation sud-ouest d’Évreux ont repris fin janvier, portés par l’État / DREAL de Normandie, maître d’ouvrage du projet routier. Dans le cadre de ces travaux, une équipe de l’Inrap mène, depuis le 7 février 2022, une fouille sur le secteur de « La Garenne de Navarre », à Évreux, sur une surface d’un hectare. Les scientifiques ont notamment mis en évidence un habitat de l’âge du Bronze. Prescrite par les services de l’État (Drac Normandie, service régional de l’archéologie), l’opération actuelle fait suite à un diagnostic mené par la Mission archéologique départementale de l’Eure (Made) en 2019, qui avait mis en évidence le potentiel archéologique du site. 

Evreux 7

Vue générale de la fouille. 

© Aubry Bruno, Inrap

 

Une situation topographique remarquable

Le site de « La Garenne de Navarre » se développe sur un point culminant de la vallée de l’Iton, qui s’étire en contre-bas sur la marge orientale du décapage. À l’opposé, immédiatement à l’ouest, un imposant thalweg dit de « la Queue d’Hirondelle » accentue le relief. Cet « éperon » confère au lieu une situation de domination sur l’environnement particulièrement propice à l’implantation humaine. Les vestiges archéologiques occupent une bande axée est-ouest, sur une largeur moyenne de 30 mètres et décrivent au sol un arc de cercle. Au total, les archéologues ont recensé plus de 450 faits archéologiques, attestant une succession d’occupations humaines de l’âge du Bronze (vers 800 ans av. J.-C.) à l’Antiquité gallo-romaine.

Un habitat de l’âge du Bronze

Les archéologues ont mis en évidence les empreintes de nombreux « trous de poteaux », structures en creux signalant la présence de poteaux de bois aujourd’hui disparus, qui supportaient diverses constructions. Ainsi, plus d’une dizaine de bâtiments ont été mis au jour, servant de stockage (granges ou greniers sur 4 ou 5 poteaux) ou d’habitations (en particulier des maisons circulaires de 10 à 15 mètres de diamètre). Ces bâtiments n’ont probablement pas tous été construits en même temps, mais se sont succédé au fil des générations. Autour d’eux, différents creusements, destinés à fournir des matériaux pour les constructions ou pour divers besoins domestiques, ont été repérés. Les fosses ainsi formées ont ensuite servi de zones de rejets détritiques, livrant un peu de mobilier archéologique, constitué essentiellement des tessons de céramique.

Une compartimentation des activités

Si la succession des occupations humaines rend la lecture du plan d’ensemble des vestiges un peu délicate, une organisation générale semble toutefois se dessiner. Installés dans la partie haute de l’emprise, les bâtiments d’habitation semblent « dominer » les espaces de stockage (greniers, granges) situés en contrebas. Un peu à l’écart, se développerait un petit espace funéraire, constitué d’au moins deux sépultures à incinération contenues dans des vases. Plus loin, en limite nord du terrain, pourraient prendre place les activités domestiques, comme l’atteste la présence d’un four à usage culinaire.

En dehors de cette occupation principale à l’âge du Bronze, les archéologues ont mis au jour quelques fragments de vases gaulois datant de la fin de l’âge du Fer (vers -50 avant JC), ainsi qu’un fossé de parcellaire gallo-romain. À l’issue de la phase terrain démarrera une phase d’étude comprenant diverses analyses et datations, qui aboutira à la rédaction d’un rapport final.

Suivi archéologique du tracé routier

Le projet de déviation routière porté par la DREAL Normandie fait l’objet d’un suivi archéologique depuis 1992. Sur prescription de la Drac Normandie, plusieurs diagnostics archéologiques ont ainsi été réalisés par l’AFAN (Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales) – devenue Inrap en 2002 et par la MADE, donnant lieu dans certains cas à des prescriptions de fouilles. Parmi les découvertes majeures, on peut citer la mise au jour, sur la commune de Parville (Eure), d’une villa gallo-romaine succédant à un enclos domestique de la fin de l’époque gauloise. Cette opération a notamment permis la découverte d’un pressoir à vin d’époque antique.

Aménagement : État - DREAL Normandie
Contrôle scientifique  : État – DRAC Normandie, Service régional de l’archéologie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Bruno Aubry, Inrap