De septembre à novembre 2014, une équipe d'archéologues de l'Inrap a mené, sur prescription de l'État (Drac Poitou-Charentes), une fouille préventive sur un terrain de 613 m2, dans le cadre de la construction d'une maison individuelle dans le quartier ouest de Saintes.

Dernière modification
10 mai 2016

Prescrite par les services de l'État, cette opération, d'une durée de 5 mois, fait suite à des recherches effectuées en 2009, puis 2011. Ces sondages ont permis de reconnaître la présence d'un quartier qui se développe à partir de la fin du Moyen Âge entre l'église st-Germain et la deuxième enceinte fortifiée de Rennes. Ce quartier évolue jusqu'à sa destruction lors d'un bombardement en juin 1944. 

Une importante nécropole gallo-romaine

Le site fouillé est situé à 250 m environ à l'ouest de l'amphithéâtre de Saintes. Il semble faire partie d'une importante nécropole gallo-romaine caractérisée par quelques incinérations et de nombreuses sépultures à inhumations.
La fouille a révélé plusieurs sépultures doubles : les individus y sont inhumés tête-bêche dans une longue fosse rectangulaire, semblable à une tranchée, et déposés chacun à l'une des extrémités de ce creusement. Une fosse à inhumations multiple a également été mise au jour les derniers jours de l'opération : de 2 m sur 1,30 m, elle contient cinq individus dont deux enfants et deux jeunes femmes.

Une absence de mobilier funéraire

La quasi-totalité des sépultures fouillées n'a livré aucun mobilier funéraire. La seule exception notable est la sépulture d'un jeune enfant dans laquelle ont été déposés sept vases permettant une attribution chronologique à la seconde moitié du IIe siècle de notre ère. Cette sépulture soignée, complétée par des dépôts et deux monnaies déposées sur les yeux de l'enfant, traduit des pratiques funéraires bien différentes de celles observées sur les autres sépultures à inhumations identifiées sur ce site.

Des individus entravés

Les archéologues ont identifié plusieurs individus entravés parmi les défunts. Quatre sont des adultes (trois hommes et un sujet de sexe indéterminé) portant des entraves de fer. Il s'agit de dispositifs rivetés à chaud sur la cheville gauche pour trois de ces individus. Le quatrième a été inhumé avec un second dispositif d'entrave : un « collier de servitude » ou carcan. Une sépulture d'enfant, au squelette incomplet, portait également une entrave au poignet gauche. Cet objet, de facture plus rudimentaire que les autres, est caractérisé par un élément principal plat et cintré, à la forme irrégulière et dont les extrémités sont rivetées. Un anneau de forme et de section circulaire est également présent.
Si la découverte d'entraves n'est pas inédite, en particulier à Saintes, cette fouille a localisé un regroupement des sépultures de ces individus entravés. Elle livre également un corpus complet et révèle qu'un même individu pouvait être contraint par plusieurs dispositifs. Les archéologues s'interrogent désormais sur le statut de ces individus, leur origine et les conditions de leur décès. Lors des futures recherches en laboratoire, ils chercheront également à déterminer, lors de l'étude anthropologique, si les autres individus inhumés ont pu partager des conditions de vie similaires et appartenir à la même communauté.
Aménagement : Privé
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie, Drac Poitou-Charentes
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Frédéric Méténier, Inrap
Contact(s) :

Coralie Roumagne
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Grand Sud-Ouest
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