Émissions de radio
4
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Mis à jour le
23 juin 2021
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Isabelle Crevecoeur, paléoanthropologue, chargée de recherche au CNRS (laboratoire PACEA - de la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie - Bordeaux) et Daniel Antoine Conservateur en charge de la bioarchéologie, département de l’Egypte et du Soudan au British Museum (Londres).

Carbone 14, le magazine de l'archéologie, France Culture, le samedi de 19h30 à 20h 
Par Vincent Charpentier
Émission du 5 juin 2021


Au cœur du Soudan, Sur les rives du Nil, la nécropole de Jebel Sahaba, est considérée comme l’un des plus anciens témoignages de la naissance de la guerre et avec elle, celles des violences de masse.

Photographie d’archive illustrant une tombe double (individus JS 20 et JS 21) avec l’indication par les crayons de la position des artéfacts lithiques - Site de Djebel Sahaba (Soudan)

Photographie d’archive illustrant une tombe double (individus JS 20 et JS 21) avec l’indication par les crayons de la position des artéfacts lithiques - Site de Djebel Sahaba (Soudan)

© Fond d’Archives Wendorf du British Museum

Publié en 1968, sous le titre « The Prehistory of Nubia » par son fouilleur Fred Wendorf, Jebel Sahaba est une référence incontournable, « l’emblème du concept de guerre organisée ». Il a été récemment remis en avant de la scène par une découverte d’un nouveau conflit préhistorique au Kenya : le site de Nataruk, et ses nombreux vestiges humains, vieux de 10 000 ans. La compétition pour l’accès aux ressources est alors souvent mise en avant pour expliquer l’émergence de ces conflits.

Des scientifiques du CNRS et de l’Université de Toulouse viennent de réévaluer le contexte archéologique et d’analyser l’ensemble des ossements, conservés, aujourd’hui, au British Museum, à Londres. Ceux-ci montrent dans la revue internationale Scientific Reports qu’il ne s’agit pas d’un unique conflit armé, mais plutôt d’une succession d’épisodes violents, sans doute exacerbés par des changements climatiques.

Crâne en vue antérieure et latérale droite (individu JS 33) - site de Djebel Sahaba (Soudan).

Crâne en vue antérieure et latérale droite (individu JS 33) - site de Djebel Sahaba (Soudan).

© Isabelle Crevecoeur

Les ossements de nombreux individus inhumés à Jebel Sahaba portent des lésions produites par des projectiles dont les pointes ont été retrouvées dans les os. De manière étonnante, hommes, femmes et enfants semblent avoir été traités de la même manière compte-tenu du nombre et du type de lésions. Une centaine de nouvelles lésions, cicatrisées ou non, ont pu être identifiées, certaines présentant des éclats lithiques, non identifiés précédemment, encore fichés dans les os.

Trace d’impact de projectile, avec éclat lithique, fiché dans le percement au niveau de la surface postérieure de l’os coxal gauche (individu JS 21) - site de Djebel Sahaba (Soudan).

Trace d’impact de projectile, avec éclat lithique, fiché dans le percement au niveau de la surface postérieure de l’os coxal gauche (individu JS 21) - site de Djebel Sahaba (Soudan).

© Isabelle Crevecoeur / Marie-Hélène Dias-Meirinho

En plus des 20 victimes déjà identifiées, 21 autres squelettes présentent des lésions comme des traces d’impacts de projectiles ou des fractures. Par ailleurs, 16 individus présentent à la fois des lésions cicatrisées et non cicatrisées, ce qui suggère des épisodes de violence répétés à l’échelle de la vie d’une personne et non d’un conflit unique.

Avec Isabelle Crevecœur, paléoanthropologue, chargée de recherche au CNRS (laboratoire PACEA - de la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie - Bordeaux) et Daniel Antoine, conservateur en charge de la bioarchéologie, département de l’Egypte et du Soudan au British Museum (Londres).

A lire (ci-dessous), l'article (en anglais) New insights on interpersonal violence in the Late Pleistocene based on the Nile valley cemetery of Jebel Sahaba co-rédigé par Isabelle Crevecoeur, Marie-Hélène Dias-Meirinho, Antoine Zazzo, Daniel Antoine, & François Bon, publié le 27 mai 2021 sur le site Scientific Reports.

Pour en savoir plus

Année :
2021
Durée :
29 minutes
Production :
France culture
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