Une brève histoire de la discipline
Des amateurs de la Renaissance, collectionneurs d’objets de l’Antiquité gréco-romaine, aux professionnels d’aujourd’hui, soucieux de la prévention du patrimoine archéologique commun, comment l’archéologie s’est-elle constituée ?
L’attrait de l’Antiquité
Inventée à la Renaissance par des humanistes baptisés « antiquaires », l’archéologie est d’abord le fait d’amateurs attirés par l’Antiquité gréco-romaine. Du XVIe au XVIIIe siècles, ces élites vont, au gré de découvertes fortuites, collectionner les objets d’art et accumuler les connaissances.

L’institutionnalisation
C’est à partir du XVIIIe siècle que sont organisées les premières fouilles programmées, comme à Herculanum (1738) et Pompéi (1748). La discipline s’institutionnalise, certains pays commencent à faire l’inventaire de leur patrimoine archéologique et les premières descriptions systématiques sont publiées.

XIXe siècle : l’internationalisation
Avec le développement des États-nations et du colonialisme, l’archéologie sort du cadre de l’Antiquité gréco-romaine. De grandes cités sont mises au jour : Troie, Nimroud, Khorsabad. L’archéologie de l’Inde, du Japon et des Amériques apparaît durant la deuxième moitié du siècle. Un système de référence commun est progressivement établi (chronologie à l’échelle des continents, séries typologiques...). Les institutions archéologiques sont créés en Europe et dans la plupart des pays d’Orient : l’école française d'Athènes (1846), l’école française de Rome (1874), l’institut allemand d'archéologie (1871), l’institut français du Caire (1879)... Chaque capitale européenne se dote d’un musée archéologique et les États financent des expéditions.
Un réseau scientifique
L’archéologie devient aussi une discipline de terrain et c’est au XIXe siècle que sont posées les bases méthodologiques de la fouille. L’attention nouvelle portée aux strates du sol va favoriser le développement de l’archéologie de la Préhistoire. L’homme de Néandertal est découvert en 1856 et le Pithécanthrope de Java (Homo erectus) en 1894.
A la fin du siècle, l’archéologie a atteint la reconnaissance et peut s’appuyer sur un réseau scientifique regroupant institutions, universités, musées, colloques et sociétés savantes, dédié à l’étude et à la préservation des vestiges.

XXe siècle : la professionnalisation
Les méthodes de terrain sont systématisées : stratigraphie, relevé de chaque objet en plan permettant de reconstituer l’organisation du site. Les engins mécaniques sont utilisés pour rationaliser les fouilles. A partir des années 1950, les sciences de la nature apportent à l’archéologie différentes techniques de datation, les analyses physico-chimiques des objets, les traitements statistiques et informatiques des données.
Avec le développement des fouilles préventives, l’archéologie change d’échelle : les archéologues reconstituent l’histoire d’un paysage sur plusieurs millénaires et apportent une vision globale des civilisations passées et contemporaines.
