De la formation du site archéologique

L’observation des couches superposées sur une section donnée ou à divers emplacements d’un site est donc pour les archéologues le moyen principal de donner aux vestiges qu’elles contiennent des datations relatives, et ainsi de répondre à des questions centrales de chronologie et de périodisation culturelle. Mais les sols peuvent livrer bien d’autres informations déterminantes sur la formation des sites et les modes de vie de leurs occupants.

Si la diversité des sédiments archéologiques (matériaux de construction, éboulis, paléosols, alluvions, sables, argiles, restes organiques) est depuis longtemps reconnue, de nouvelles interrogations vont être formulées dès la fin du XIXe siècle sur leur nature, leur accumulation et leur ensevelissement. La taphonomie, discipline qui depuis la moitié du XXe siècle s’intéresse aux processus de fossilisation et d’enfouissement des restes animaux ou végétaux, rend les archéologues plus attentifs aux transformations et aux perturbations éventuelles qu’ont subies les sédiments et leur contenu entre le moment de leur déposition initiale et celui de leur observation contemporaine. Comment, par exemple, identifier le creusement d’une fosse et les modalités de son comblement une fois qu’elle a cessé d’être utilisée ? En quoi diffèrent les effets micromorphologiques d’une eau stagnante et d’un courant saisonnier ? Comment distinguer l’écroulement d’un mur provoqué par un tremblement de terre de celui, progressif, qui résulte de son abandon ? 

Aux côtes de la géomorphologie (étude des formes du relief terrestre), de plus en plus indispensable à l’étude du terrain, se développent deux nouvelles branches de l’archéologie : d’une part l’archéologie expérimentale, qui cherche notamment à reproduire divers processus d’enfouissement pour en identifier les variables (composition du sédiment, humidité, température, temps, etc.) ; d’autre part, et plus récemment, l’ethnoarchéologie, qui observe la manière dont se forment aujourd’hui les sites d’occupation dans différents milieux et par différentes populations.