À Bobigny, les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour la plus grande nécropole laténienne d’Europe, avec 515 sépultures sur moins de 1250 m². Inhumés habillés, les défunts sont enterrés parfois dans des coffrages de bois, parfois sans contenant et accompagnés des objets de parure et de la vie quotidienne. La pluralité des pratiques funéraires (inhumations et crémations) et la densité des sépultures en font un site unique.

Dernière modification
25 novembre 2020

La nécropole de Bobigny, fouillée en 2002-2003 au cœur de l’hôpital d’Avicenne, a livré les vestiges de 515 sépultures du IIIe siècle au IIe siècle avant notre ère, dont 15 crémations de corps contemporaines des inhumations.  Ce chiffre est exceptionnel comparé aux autres nécropoles de la même période qui contiennent généralement entre 20 et 50 individus. À Bobigny, il s’agit d’une importante bourgade, peut-être précurseur des oppida du Ier siècle avant notre ère. De nombreuses fouilles archéologiques ont eu lieu dans le secteur mettant progressivement au jour l’occupation protohistorique.

 

Une population en bonne santé

Ce corpus important s’accompagne d’une réparation démographique différente de celle des autres ensembles funéraires laténiens. Les enfants représentent les 2/3 de l’effectif, ce qui est tout à fait rare. Généralement, l’érosion et les labours ont détruit ces vestiges de petites tailles. La proportion des femmes et des hommes est équilibrée et il n’y a aucun secteur réservé à une partie de la population. Les sujets présentent des marqueurs de sénescence, de dégénérescence osseuse compatible avec une population vieillissante où la part des sujets plutôt âgés est importante. 

Plan de la nécropole de Bobigny

Plan de la nécropole de Bobigny

©

Inrap

Peu de maladies infectieuses, de troubles articulaires importants ou de fractures, de graves carences alimentaires ont été observées lors de l’étude ostéologique. L’observation des ossements humains nous livre l’image d’une population en assez bonne santé et sans traces de violences. Un sujet féminin présentant une situation invalidante (myosite ossifiante) a été déposé dans un appareillage composite fait de bois et de fer pour pallier à ses problèmes locomoteurs.

Vue d'une partie de la nécropole, au sud de l'emprise



Vue d'une partie de la nécropole, au sud de l'emprise

©

Emmanuelle Jacquot, Département de la Seine-Saint-Denis



Des pratiques funéraires standardisées

Quelques crémations de corps (restes osseux et mobilier d’accompagnement déposés dans des céramiques) ont été découvertes au sud-ouest de la nécropole et sont contemporaines des inhumations. Les pratiques funéraires sont standardisées pour ces dernières : le défunt est déposé dans la fosse sépulcrale, parfois dans un cercueil ou un coffrage de bois et habillé, comme l’atteste l’étude des restes organiques piégés dans la corrosion du matériel métallique avec les traces de fourrure, de cuir ou de textile. Une fibule a été retrouvéé associée au corps pour quatre sujets sur cinq et servait à fermer un vêtement ou dans quelques cas un linceul. Certaines sépultures ont été toutefois retrouvées dans des positions atypiques : le défunt déposé sur le ventre ; sur le côté, les membres fléchis ; composé de deux squelettes intimement entrelacés.

Des objets peu fréquents en contexte funéraire

Quelques sépultures se distinguent également par la présence d’objets peu fréquents : une lance sonore et un tambourin ont été retrouvés dans la sépulture d’un homme âgé ; une arme de jet que l’on ne retrouve que dans les contrées ibériques a été découverte également associé à un homme âgé ou bien une trousse en cuir contenant des petits outils destinés à l’artisanat (du cuir ?). Quelques sépultures de « porteurs d’armes » ont été mises au jour et contenant des épées, des lances et des boucliers. Les dépôts alimentaires (quartier de viande animale) retrouvés dans des céramiques concernent principalement les jeunes défunts, tout comme le port de bracelet en alliage cuivreux, en fer ou en lignite.

Vue de la sépulture 069. Un adulte masculin est  accompagné de plusieurs dépôts de céramiques.

Vue de la sépulture 069. Un adulte masculin est  accompagné de plusieurs dépôts de céramiques.

©

Emmanuelle Jacquot, Département de la Seine-Saint-Denis

S'inscrire aux conférences en ligne de Cyrille le Forestier sur l'archéologie des nécropoles en Seine-Saint-Denis :


Aménageur : Assistance publique-hôpitaux de Paris, direction du Patrimoine et de la Logistique
Contrôle scientifique : Drac Île-de-France, service régional de l'Archéologie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Stéphane Marion, Inrap
Étude archéo-anthropologique : Cyrille le Forestier, Inrap