À Pipriac, les archéologues de l'Inrap mettent au jour les vestiges d’une exploitation agricole gauloise, entre le VIe siècle et la fin du Ier siècle avant J.-C., matérialisée par des enclos et des bâtiments variés perceptibles grâce aux empreintes de fosses d’installation des poteaux.

Dernière modification
13 octobre 2022

Les archéologues de l’Inrap mènent actuellement une fouille archéologique préventive rue de la Vallée du Couchant, à l’entrée de la commune de Pipriac. Réalisée sur prescription de l’État (Drac Bretagne), cette fouille précède l’aménagement du parc des Vallées du Couchant, porté par REDON Agglomération. En 2011, une prospection aérienne de l’archéologue Maurice Gautier avait mis en évidence, sous les cultures, les traces d’anciennes fondations, ensuite confirmées par le diagnostic archéologique de 2002 et les fouilles actuelles.

Depuis le 1er août 2022, les scientifiques de l’Inrap révèlent en effet les vestiges d’une exploitation agricole datant de la fin de la période gauloise, entre le VIe siècle et la fin du Ier siècle avant J.-C. Ils ont également identifié la présence d’un enclos circulaire de l’âge du Bronze (entre 2200 et 800 avant J.-C.) ou du début de l’âge du Fer (entre 800 et 500 avant J.-C.). Le secteur a été à nouveau occupé à la période romaine.

Pipriac 1

Vue générale du site.

© Inrap 

 

Un secteur déjà fréquenté à la fin de l’âge du Bronze

Une structure fossoyée d’environ 6 mètres de diamètre a été mise au jour. Ce type de petit enclos circulaire correspond le plus souvent à une structure funéraire. Les déblais issus du creusement du fossé pouvaient constituer un tertre disposé au centre de l’enclos. Une ou plusieurs sépultures devaient y être installées, même si aucune n’a à ce jour pu être décelée. Les quelques tessons de poterie découverts évoquent la fin de l’âge du Bronze ou les débuts de l’âge du Fer (entre 1200 et 700 avant J.-C.).

Pipriac 3

Enclos circulaire de la fin de l’âge du Bronze.

© Inrap

 

Vestiges d’une ferme de la fin de la période gauloise

À l’âge du Fer, les populations délimitent leurs espaces de vie et de travail par des fossés creusés profondément dans le sol. L’établissement agricole de Pipriac est ainsi matérialisé par un large enclos. À l’intérieur, un deuxième enclos quadrangulaire et des fossés organisent l’espace. À l’extérieur, de nouveaux creusements délimitent des champs. Ces différents tracés sont marqués par des ruptures, qui correspondent à des passages dédiés à la circulation des hommes et des bêtes. Dans les enclos, la présence d’anciens bâtiments est perceptible grâce aux empreintes de fosses d’installation des poteaux, encore visibles dans le sol. À cette époque, les constructions sont constituées de poteaux fortement ancrés, sur lesquels repose une charpente, et de murs en torchis. Ces bâtiments pouvaient correspondre à des maisons d’habitation, des appentis, des étables ou encore des greniers.

Ces aménagements de l’espace ne sont pas faits en une seule fois. Une exploitation agricole de ce type peut en effet perdurer durant plusieurs siècles. L’enjeu d’une fouille comme celle actuellement en cours à Pipriac est donc de comprendre comment un tel établissement se transforme et évolue, de sa création à son abandon. Chaque phase de l’aménagement doit ensuite être datée. Ces datations sont obtenues par l’étude des objets prélevés, et notamment les céramiques, qui nous transmettent de précieuses informations.

Le mobilier archéologique illustre également l’artisanat pratiqué sur le site. La découverte d’une fusaïole et d’un peson indique la présence d’une activité de tissage. Quelques scories (déchets) de fer témoignent du travail de la forge. La quantité et la qualité des objets peuvent par ailleurs renseigner sur le niveau de richesse des résidents et leur appartenance à un groupe culturel en particulier, que l’étude permettra de préciser.

Pipriac 10

Restitution de la ferme gauloise fouillée par l’Inrap à Corps-Nuds.

© Gaétan Le Cloirec, Inrap

 

Quand les romains réoccupent le site gaulois

Au sud-ouest de l’enclos quadrangulaire, un ensemble de trous de poteaux a livré quelques fragments de poteries datant du début de la période romaine (fin du Ier siècle avant J.-C. – début du Ier siècle). Cet espace a également permis de mettre au jour deux ou trois sépultures à incinération. L’une d’entre elles contient les restes osseux d’un défunt disposés dans un vase relativement luxueux. Ce dernier est soigneusement disposé sur une plaque en terre cuite installée contre le fond d’une fosse. L’urne et les fragments d’os brûlés ont été prélevés et seront étudiés au laboratoire par une archéo-anthropologue.

Aménagement : REDON Agglomération
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Joël Cornec, Inrap