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Archéologie sur le parvis de la cathédrale Saint-Maurice à Angers (Maine-et-Loire)
L'Inrap mène une fouille sur le parvis de la cathédrale d'Angers, en amont de la construction prochaine d’un ouvrage de protection du portail occidental. Les archéologues ont exhumé les vestiges maçonnés d’une ancienne galerie médiévale détruite au XIXe siècle, ainsi qu'une partie de mur de l'ancienne chapelle curiale. Ils ont aussi mis au jour plus de 80 sépultures, d'époques médiévale et moderne. Le chantier de fouilles sera exceptionnellement ouvert au public les samedi 15 et dimanche 16 juin prochains, dans le cadre des Journées européennes de l'archéologie.
Les restes de la galerie médiévale (1225-1807)
Destinée à l’accueil des fidèles, cette galerie dépassant 25 mètres de long pour plus de 8 mètres de large, construite vers 1225 et détruite en 1807, occupait toute la façade ouest de la cathédrale. Les archéologues en ont mis au jour les fondations, bâties pour l’essentiel à l’aide de plaques de schiste liées par un mortier de chaux blanc assez sableux. Ils ont ainsi exhumé la quasi-totalité du mur ouest de la galerie médiévale - et notamment son contrefort sud, l’entièreté du mur sud, et le parement interne de la maçonnerie septentrionale. Deux massifs de fondations, constitués des mêmes matériaux que les murs, ont également été dégagés. Aménagés à l’intérieur de la galerie, ils accueillaient deux fines colonnes destinées à supporter une partie du voûtement encore observable sur la façade de la cathédrale.
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Fondations de la galerie médiévale.
© Sandrine Lalain, Inrap
Outre ses fonctions d’accueil et d’espace de circulation, la galerie a servi de lieu d’inhumation pour les chanoines, de lieu de pénitence et de pèlerinage (Sainte Tanche y est invoquée pour « une meilleure circulation du sang »). Elle accueillait parfois le siège de l’officialité (tribunal ecclésiastique). Plus tard, elle a été tour à tour un lieu de commerce (d’images pieuses et de chapelets), un abri pour la soufflerie de l’orgue ou un atelier de sculpture où étaient réalisées les boiseries du chœur. Les recherches archéologiques s’efforceront de caractériser l’organisation de cette galerie et son évolution.
Une rue médiévale des XIe-XIIe siècles
Les archéologues ont aussi mis au jour une ancienne voie urbaine médiévale, jusqu’alors inconnue. Précédant l’édification de la galerie, cette rue, probablement aménagée entre le XIe et le XIIe siècle, apparaît comme une véritable voie de contournement dont l’aménagement a sans doute été généré par la construction de la cathédrale « romane », consacrée en 1025. La voirie, constituée d’un assemblage de matériaux hétérogènes où dominent néanmoins galets et graviers de rivière, pourrait avoir été abandonnée lors de la construction de la façade actuelle de la cathédrale (vers le milieu du XIIe siècle) pour disparaitre définitivement du paysage urbain suite à l’édification de la galerie médiévale (autour de 1225).
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Vue aérienne de la fouille du parvis de la cathédrale Saint-Maurice.
© Emmanuelle Collado, Inrap
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Vue aérienne de la fouille du parvis de la cathédrale Saint-Maurice.
© Emmanuelle Collado, Inrap
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Vue du chantier de fouille du parvis de la cathédrale Saint-Maurice.
© Emmanuelle Collado, Inrap
À gauche du portail, contre les fondations de la cathédrale, une structure circulaire d’environ 2,50 m de diamètre et de plus de 3 mètres de profondeur a été mise en évidence. Sans doute aménagée vers la fin du Moyen Âge ou au début de l’Époque moderne, cette structure a été en partie contemporaine de la galerie médiévale, mais sa fonction reste pour l’heure énigmatique : ossuaire ? citerne ? structure en lien avec un moule à cloche ?
Les investigations ont enfin révélé des vestiges de la partie nord-ouest de l’ancienne chapelle curiale (actuelle chapelle Notre-Dame-de-Pitié).
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Élément de lapidaire.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Près d’une centaine de sépultures, des époques médiévale et moderne
La fouille du parvis inclut une vaste étude funéraire et anthropologique : avant la construction de la galerie médiévale, le cimetière paroissial (XIe-XVe siècles) occupait une partie de la place. Une fois construite, la galerie a continué d’accueillir des inhumations, notamment celles des chanoines.
Les archéologues ont recensé plus de 85 sépultures, aux architectures funéraires variées. Le type le plus répandu est sans conteste le coffrage anthropomorphe (21 tombes) : il est constitué d’un assemblage de blocs de tuffeau en réemploi, au nombre desquels figure un élément évidé, ou logette céphalique, destiné à recevoir la tête du défunt. En Anjou comme en Touraine, cette architecture funéraire renvoie généralement aux XIIe-XIVe siècles. Viennent ensuite les inhumations en cercueil trapézoïdal, avec 15 sépultures recensées. Apparaissant vers la fin du Moyen Âge, ce type de contenant est également utilisé durant la Période moderne (XVIe-XVIIIe). Les découvertes comptent aussi quatre inhumations en linceul, deux caveaux et trois sarcophages en calcaire qui attestent du réemploi tardif de tombeaux façonnés au haut Moyen Âge.
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Vue (au premier plan) de l’un des caveaux trouvés lors de la fouille.
© Emmanuelle Collado, Inrap
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Mise au jour de sépultures aux architectures funéraires variées.
© Sandrine Lalain, Inrap
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Prélèvement des ossements d’une sépulture.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Dans les tombes, une bulle pontificale et des éléments organiques
Hormis des épingles de linceul et quelques vases à encens, le mobilier accompagnant les défunts se révèle peu abondant. On note toutefois la présence d’un sceau en plomb ou bulle pontificale. Quelques tombes, présentant un état de conservation remarquable, ont permis d’observer des éléments organiques tels que des restes de tissus (linceuls, vêtements), de cuir (chaussures) ou encore des fragments de bois. Ces éléments, prélevés minutieusement, feront l’objet d’études ultérieures par des spécialistes. Parmi la cinquantaine de tombes déjà fouillées, 15 individus ont pu être sexués : il s’agit exclusivement d’hommes. Les restes osseux seront étudiés par une archéo-anthropologue, tandis que le mobilier associé sera confié à différents spécialistes.
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Bulle papale.
© Emmanuelle Collado, Inrap
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Prélèvement du tissu retrouvé dans une sépulture avec le laboratoire Arc’Antique.
© Emmanuelle Collado, Inrap
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Prélèvement du tissu retrouvé dans une sépulture avec le laboratoire Arc’Antique.
© Emmanuelle Collado, Inrap
Un chantier ouvert au public les 15 et 16 juin
À l’occasion des prochaines Journées européennes de l’archéologie, le chantier de fouille sera exceptionnellement ouvert au public le samedi 15 et le dimanche 16 juin. Des visites guidées, commentées par les archéologues de l’Inrap, y seront proposées en continu, ainsi qu’un ensemble d’animations pour tout public permettant de découvrir l’archéologie préventive et ses métiers.
Informations pratiques :
Samedi 15 juin, de 14h à 18h et Dimanche 16 juin, de 10h à 18h (sans réservation).
Accès par la rue du chanoine Urseau.
Tout public, gratuit - Plus d’infos sur journees-archeologie.eu
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Pays de la Loire)
Recherche archéologique : Inrap, avec la participation du Pôle Archéologique de la Conservation Départementale du Patrimoine (Département du Maine-et-Loire)
Responsable scientifique : Frédéric Guérin, Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Hélène Jousse, Inrap