A Naves, Corrèze, le site de Tintignac, fouillé au XIXe s., fait l'objet depuis 2001 d'interventions estivales dans le cadre d'un projet de mise en valeur culturel et touristique initié par la commune.

Dernière modification
10 mai 2016

Une découverte d'un intérêt exceptionnel a été faite sur le sanctuaire des arènes de Tintignac. Il s'agit d'un dépôt unique d'armes et d'objets gaulois. Jusqu'alors, le sanctuaire était matérialisé par quatre édifices monumentaux gallo-romains dont un temple (un fanum à deux cellae), un théâtre et deux autres édifices au plan encore jamais rencontré, pour lesquels le manque de référence empêche toute interprétation a priori.


Depuis 2001, la fouille s'est principalement portée sur le temple à l'ouest. Elle a permis l'identification de six états de construction et de remaniements successifs. Dès le début de notre ère, on assiste à la construction de deux fana indépendants cernés par un mur péribole. Petit à petit, ces fana vont être reconstruits avec des matériaux différents. À partir du IIe s. de notre ère, un seul bâtiment aux murs recouverts de marbre et de peintures intègre les deux cellae et couvre leur galerie de circulation commune. Il sera détruit par un incendie à la fin du IIIe s. À l'est de ce bâtiment se développait une cour cernée par une galerie couverte. C'est sous les niveaux de circulation de cette cour que les vestiges du sanctuaire protohistorique ont été mis au jour.

Le tout premier enclos semble être mis en place au plus tôt dans le IIe s. avant notre ère. Il est composé d'un fossé cernant une plate-forme de 25 m de côté. Sur cette plate-forme, une grande densité de fosses pourrait correspondre aux trous de poteau d'un édifice circulaire en bois reconstruit plusieurs fois. À l'intérieur, aucune fosse sacrificielle n'a été retrouvée mais seulement les traces d'un foyer et de nombreuses monnaies en argent républicaines ou gauloises mutilées.
 
Dans l'un des angles de la plate-forme sacrée, près du fossé d'enclos, une fosse peu profonde a livré une grande quantité d'objets métalliques, en fer ou en bronze, dont certains de nature exceptionnelle. Parmi ces objets, on retiendra la présence d'armes (épées, fourreaux, fers de lances, umbo de bouclier). Les dépôts d'armes ne sont pas rares dans les sanctuaires du IIe s. avant notre ère. Un chaudron en fer et en bronze a également été dégagé ainsi que des disques en bronze pouvant s'apparenter à des phalères ou encore à des mors à chevaux. Les autres éléments issus de cette structure revêtent un caractère plus extraordinaire. Ainsi, plusieurs têtes d'animaux en bronze ont été découvertes (deux sangliers, un cheval, un animal fantastique) ainsi que plusieurs pattes ou fragments de corps en tôle de bronze. Ces éléments ont pu appartenir à des enseignes ou des statues de culte exposées sur le sanctuaire. À ceci s'ajoutent dix casques dont un en fer pourvu d'un cimier en bronze et, sur le pourtour, de plaques de bronze ornées. Les autres, en bronze, étaient plus simples, dotés d'une simple calotte sphérique, de paragnathides et d'un couvre-nuque riveté. Sur l'un d'eux, cependant, quatre grands anneaux de bronze, dont l'un prenait la forme d'un cygne, étaient fixés. Enfin, les éléments les plus rares consistaient en trompettes de guerre celtiques dotées de pavillons en forme de gueules d'animaux à la bouche ouverte par où s'échappait le son. Quatre possédaient des hures de sangliers et une seule une tête de serpent. Une petite dizaine de fragments était répertoriée à ce jour dans le monde celtique dont seulement deux pavillons. À Tintignac, ce sont cinq instruments presque complets qui ont été extraits du dépôt.