A Lure, une équipe d'archéologues de l’Inrap fouille une partie du quartier Saint-Quentin, composé d’une villa gallo-romaine dont l’occupation serait comprise entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C. à laquelle se superpose un espace funéraire médiéval et moderne.

Dernière modification
30 mai 2023

Depuis le 15 mars 2023, une équipe d'archéologues de l’Inrap intervient « Boulevard de Franche-Comté » à Lure en amont de la construction d’une habitation privée. Cette fouille, prescrite par l’Etat (DRAC Bourgogne – Franche-Comté) sur une surface de 700m², fait suite à un diagnostic réalisé en 2017 qui avait permis de préciser le contexte archéologique du quartier dit de « Saint-Quentin ».

Les thermes de la villa

La villa, connue depuis le XVIIIe siècle, a été en partie dégagée au cours de plusieurs opérations archéologiques menées dans les années 1970-80 sous l’actuel boulevard et dans les parcelles concomitantes à l’emprise de fouille. Dans le cadre de l’intervention de l’Inrap c’est l’angle sud-est de la villa, dédié à l'espace balnéaire qui est mis au jour : trois des espaces identifiés présentent des sols en mortier de tuileau, avec des empreintes de pilettes d’hypocauste, et des murs enduits à la chaux. Au moins deux praefurnia ont été constatés. Les thermes de la villa paraissent ainsi s’articuler autour d’une salle chaude, le caldarium, d’un tepidarium, la salle tiède, puis d’un frigidarium la salle froide. Un bassin d’eau froide (piscina) pourrait également faire partie du complexe, mais a été en grande partie démantelé.

Les bains subissent ainsi de multiples remaniements au cours de leur utilisation. Une quatrième pièce est ajoutée au sud, les sols sont plusieurs fois rechapés et les pièces redimensionnées. Des fondations en galets mises au jour sous les murs existants pourraient correspondre à un bâtiment antérieur à l’installation des thermes. Enfin, les éléments architecturaux prélevés dans les niveaux de démolition ainsi que ceux trouvés durant les opérations archéologiques antérieures indiquent que la construction était d’une grande qualité avec des murs recouverts d’enduit peint polychrome et, par endroits, de placage bicolore associant schiste noir et marbre blanc de type Carrare. À proximité du site, la découverte d’une mosaïque sur hypocauste confirme la qualité architecturale de l’ensemble.


L’espace funéraire

À l’époque mérovingienne, une nécropole s’implante à l’emplacement des bains privés de la villa, en relation avec la présumée chapelle Saint Quentin (qui donne son nom au quartier) mais dont aucun vestige n’a pour l’instant été mis au jour. La tradition relate que les habitants de Lure et du village voisin de Magny-Vernois se faisaient enterrer autour de la chapelle jusqu’à la construction de l’église paroissiale Saint-Martin pour les Lurons en 1556 et jusqu’en 1603 pour les villageois de Magny-Vernois. Le cimetière a été déjà en grande partie fouillé par J.-L. Odouze et M. Py et plus d’une centaine de sépultures ont été recensées. Dans l’emprise de la fouille en cours, près de 40 individus viennent compléter les données des fouilles antérieures.

Aménageur : Privé
Contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Séverine Bacquart