À Rennes, une équipe de l'Inrap a mis au jour une carrière d'extraction de schiste d'époque gallo-romaine, en lien avec la fondation de Condate, la ville antique.

Dernière modification
28 septembre 2023

Une équipe de l’Inrap mène une fouille au 61-65 rue d’Antrain à Rennes, en amont d’un projet d’aménagement porté par Bouygues Immobilier. Prescrite par les services de l’État (Drac Bretagne), l’opération couvre une surface de 3 250 m2. Elle a livré des vestiges datant de l’Antiquité gallo-romaine à l’Époque moderne. En particulier, les archéologues ont mis au jour, pour la première fois à Rennes, une carrière d’extraction de matériaux d’époque gallo-romaine, à la périphérie de Condate, la ville antique, en lien avec les premiers travaux urbains au Ier siècle.

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Vue aérienne du chantier de fouille.

© Myphotoagency / Thibault Beguet

 

L’opportunité d’étudier le fonctionnement d’une carrière antique

Localisée à quelques dizaines de mètres seulement de la limite nord de Condate, la carrière de la rue d’Antrain consiste en une vaste excavation de plus de 2 mètres de profondeur, aménagée en paliers. S’inscrivant vraisemblablement au sein d’une zone plus vaste s’étendant sous l’actuel groupe scolaire de l’Adoration et dévolue à l’extraction de matériaux, elle constitue l’une des rares carrières gallo-romaines fouillées dans l’Ouest de la France et la première sur le territoire rennais.

Exploitée aux Ier et IIe siècles de notre ère, elle servait à extraire des petites plaquettes de schiste briovérien destinées à la construction des soubassements de nombreux murs et rues de Condate. La fouille d’un tel ensemble permet aux archéologues d’appréhender les gestes des carriers (outils utilisés, méthodes d’extraction), l’organisation et la gestion de la carrière (stratégies d’extraction, évolution du front de taille, aménagement en paliers successifs), et de manière plus générale, d’enrichir les connaissances relatives à l’économie de la pierre au sein de la ville de Condate.

Un dépotoir puis une zone d’activités

Au cours du IIe siècle, la carrière est abandonnée. Elle sert alors de dépotoir aux habitants du quartier qui viennent y rejeter de nombreux objets de la vie quotidienne. Ainsi, des dizaines de kilos de fragments de vaisselle en céramique, plusieurs statuettes de divinités en terre cuite, des monnaies et des éléments de parure (fibules) ont été sortis de terre au cours de la fouille.

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Lot de petits objets : jeton, monnaies, fermoir métallique et au premier plan petit fragment de verre

antique.

© Emmanuelle Collado, Inrap

L’ancienne carrière semble totalement comblée à la fin de la période médiévale (XIVe-XVe siècles). Le site est alors ré-occupé et des activités artisanales et/ou domestiques s’y développent, comme en atteste la découverte, le long d’un axe de circulation sommaire, des restes de bâtiments en bois (sous forme de trous de poteau), de fours et de puits particulièrement bien conservés.

Une canalisation du XVIIe siècle dite de la Duchesse Anne a aussi été mise en évidence sur le site ; elle participait à l’approvisionnement en eau de la ville de Rennes à l’Époque moderne. Si l’abandon du site n’est pas encore bien daté, on sait qu’au XVIIe siècle, l’espace est occupé par les jardins de l’ancien Hôtel des Demoiselles, une maison d’éducation de jeunes filles qui deviendra par la suite le couvent puis le pensionnat de l’Adoration.

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Tronçon d’une canalisation moderne du XVIIe siècle, dite de la Duchesse Anne, qui approvisionnait la ville

en eau.

© Emmanuelle Collado, Inrap

Aménagement : Bouygues Immobilier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Bretagne)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Ménez, Inrap