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Découvertes archéologiques à l’église Saint-Pierre-du-Châtel à Rouen (Seine-Maritime)
L'Inrap mène une fouille au centre-ville de Rouen dans l’église Saint-Pierre-du-Châtel, en vue d’accueillir une activité de restauration et de bar. Les archéologues ont mis au jour des maçonneries appartenant à un état antérieur de l’édifice en élévation ainsi que d’autres structures liées à un bâtiment édifié entre la fin du XIIe siècle et le XVe siècle. La fouille révèle également la présence de plusieurs sépultures en place et de très nombreux ossements isolés.
Premiers résultats : plusieurs phases de constructions de l’église décelées
La fouille en cours correspond au creusement de sondages de 4 m² chacun à l’emplacement du forage de dix micro-pieux de 25 cm de diamètre devant soutenir des longrines (poutres) permettant le futur aménagement de l’église. Sur les dix sondages, trois ont été abandonnés en raison de destructions anciennes de la zone par des aménagements au cours du XXe siècle et de la présence d’une importante dalle de béton armé.
Vue de la tour de l’église Saint-Pierre-du-Chastel.
© A. Thomann, Inrap
Une portion du castrum antique ?
L’ouverture de six sondages à la fin du mois de novembre 2024 sur les sept restants a mis en évidence des occupations de différentes périodes. Tout d’abord, un imposant mur orienté nord-sud dans la partie ouest de la fouille semble correspondre à une portion de l’enceinte de l’Antiquité tardive. La partie sud-ouest du castrum antique a semble-t-il déjà été observée. En effet, lors de travaux de reconstruction du mur nord de l’église, vers 1956, G. Dubois a observé « un mur ancien » qu’il interprète comme un tronçon de l’enceinte (Carte Archéologique de la Gaule). À ce mur, est apposé un mur plus récent, sans doute en relation avec une étape de la construction de l’église.
Mur imposant dans la partie ouest du site pouvant correspondre au mur d’enceinte de l’Antiquité tardive. Une dalle de béton armé, perturbation récente, l’a entamé et de nombreux ossements provenant des sépultures anciennes ont été remis par-dessus.
© A. Thomann, Inrap
L’église antérieure
Dans les parties nord et est, des vertiges de maçonneries et des niveaux de sols successifs ont été découverts, correspondant à plusieurs phases de l’occupation de l’église. Par exemple, l’observation des maçonneries, interprétées comme un seuil ou une marche, mises au jour dans un sondage, pourrait indiquer la présence d’une entrée latérale à cet édifice.
Mur vu du nord. Y a été apposé un mur plus récent, visible à gauche de la photo, probablement en lien avec un des états de l’église.
© A. Thomann, Inrap
Cette spécificité pourrait s’expliquer par sa position contre le castrum, obligeant ainsi à déplacer son entrée. Les maçonneries retrouvées dans ce sondage sont similaires à celles qui avaient été observées lors de la phase de diagnostic. L’étude de leur positionnement pourrait permettre de proposer l’esquisse d’un plan de l’édifice antérieur.
Fondation du mur nord de l’église, dans son état du XIIe siècle.
© U. Le Moigne, Inrap
Des sépultures mises au jour
Les niveaux sépulcraux se retrouvent dans toutes les ouvertures faites à la fouille et percent les différents niveaux de sols, indiquant l’utilisation de l’espace à des fins funéraires surtout à l’époque moderne. Ces sépultures sont en cercueils cloués, souvent trapézoïdaux et l’utilisation de linceuls épinglés a pu être observée.
Niveaux du cimetière de l’époque moderne.
© A. Thomann, Inrap
Enfin, et probablement en relation avec l’occupation de l’église par une entreprise de chauffage et robinetterie au XXe siècle, de nombreux niveaux sépulcraux ont été perturbés et une épaisse couche d’ossements isolés se trouve immédiatement sous le sol actuel. Si des ossements d’enfants sont observés dans les niveaux d’ossements isolés (en faible quantité), les sépultures en place d’enfants sont rares. La trentaine de sépultures d’adultes actuellement observées sont à la fois masculines et féminines.
La fouille des sépultures.
© U. Le Moigne
Contrôle scientifique : Service Régional de l’Archéologie (Drac Normandie)
Recherche archéologique : Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique : Sylvain Mazet, Inrap
Responsable scientifique : Aminte Thomann et Faustine Roussel, Inrap