Histoire du sel : Moderne Modes de production
L'épuisement de la ressource énergétique pour produire le sel
À partir de la Renaissance, l'approvisionnement en combustible pour alimenter les fourneaux de cuisson commence à poser problème pour l'exploitation des salines. Les forêts ne sont pas gérées durablement et il faut aller chercher le bois de plus en plus loin, ce qui augmente les coûts de transport, donc le coût du sel. Les ingénieurs de la Renaissance inventent de nombreux projets destinés à réduire la consommation de bois : on améliore les systèmes de chauffe, on récupère les déperditions thermiques à des fins productives.
Les bâtiments à graduation qui utilisent le vent sont construits à cette époque, comme celui d'Arc-et-Senans (Doubs). À Hallstatt (Autriche), on construit un « saumoduc » pour amener la saumure au coeur de la forêt. En Angleterre, la rareté du combustible nécessaire pour la cuisson provoque la fermeture des salines ou bien leur reconversion. Mais, dès le milieu du XVIIe siècle, un nouveau combustible fait son apparition, le charbon.
- Plan et élévation d'une partie des bâtiments de graduation pour les salines de Dieuze et Rozières et plate-forme supérieure qui reçoit l'eau des pompes.Plan et élévation d'une partie des bâtiments de graduation pour les salines de Dieuze et Rozières et plate-forme supérieure qui reçoit l'eau des pompes. En circulant dans un bâtiment à graduation, la saumure augmentait en degré de salinité du fait de l'évaporation de l'eau.© Encyclopédie Diderot & d'Alembert, 1751
- Restitution schématique du tracé du saumoduc reliant les Salines de Salins-les-Bains (jura) à la Saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs).Restitution schématique du tracé du saumoduc reliant les Salines de Salins-les-Bains (jura) à la Saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs).© Musées des techniques et cultures comtoises
- Tronçon de l'ancien saumoduc. Dépôt de l'Institut Ledoux aux Salines de Salins-les-Bains.Tronçon de l'ancien saumoduc. Dépôt de l'Institut Ledoux aux Salines de Salins-les-Bains. La Saline royale d'Arc-et-Senans reçoit les eaux salées de la Saline de Salins-les-Bains par une double canalisation en bois, appelée saumoduc, longue de 21 km sur un dénivelé de 143 mètres. Elle est constituée d'un assemblage de troncs de sapins évidés au moyens de tarières, puis emboîtées bout à bout. Chaque jour, 135 000 litres de saumure sont ainsi transportées de Salins-les-Bains à Arc-et-Senans.© Bévalot Phox, Musées des techniques et cultures comtoises
- Saumoduc, Maison Périchon : ancienne guérite située à Port-Lesney (Jura), l'un des points de contrôle de l'acheminement de la saumure.Saumoduc, Maison Périchon : ancienne guérite située à Port-Lesney (Jura), l'un des points de contrôle de l'acheminement de la saumure. Plusieurs édifices de ce type étaient construits sur le parcours du saumoduc. Dans cette guérite étaient placées les cuves de contrôle du débit de la saumure : en effet, les vols de saumure étaient fréquents le long du saumoduc.© Musées des techniques et cultures comtoises
- Cuvette de contrôle et de mesure du débit de la saumure, conservée au musée de Salins-les-Bains : 8 cuvettes étaient installées le long du saumoduc.Cuvette de contrôle et de mesure du débit de la saumure, conservée au musée de Salins-les-Bains : 8 cuvettes étaient installées le long du saumoduc. Elles servaient à effectuer des relevés réguliers sur la totalité du parcours permettant de localiser une fuite ou un dysfonctionnement éventuels. Chacune d'elles comprenait une jauge (en cuivre) permettant de mesurer le débit de la saumure. À chaque compartiment de la cuvette correspondait une canalisation. Les échancrures du bord supérieur de la cuve correspondaient à l'emplacement des canalisations d'arrivée ; l'embout métallique subsistant correspondait à la canalisation de départ de la cuve.© I. Grassias Musées des techniques et cultures comtoises
Le saviez-vous ?
Le plus vieux ''pipe-line'' d'Europe
À la Renaissance, la pénurie de bois est problématique et il faut aller le chercher de plus en plus loin. À Hallstatt (Autriche), on décide qu'il « mieux vaut porter la saumure au bois que le bois à la saumure ». La construction d'un « saumoduc » a nécessité de 6 à 7 000 troncs d'arbres pour amener la saumure du site d'extraction de Hallstatt à la nouvelle saline de Ischl-Ebensee. Un autre « saumoduc » fut construit à Arc-et-Senans, long de 21 km, avec un dénivelé de 143 mètres.