Mise en défense du port de La Rochelle et de ses abords (XIVe-XXe siècles) : l’enceinte du Gabut (Charente-Maritime, Nouvelle-Aquitaine)

Sous-titre

Rapport de fouille 2019

Numéro DAP
44
Image d'entête
DAP 44 | La Rochelle « Parking du Gabut » (Charente-Maritime)
Média
DAP 44 | La Rochelle « Parking du Gabut » (Charente-Maritime)
date expertise
décembre 2022
date achevement
mars 2019
Paragraphes

Le projet de réaménagement des abords du Vieux Port de La Rochelle a nécessité la réalisation d’une fouille archéologique. Celle-ci s’est cantonnée à l’espace d’un parking situé au sud du havre hébergeant le port de la ville et a permis, entre autres, de mettre au jour l’arase d’une des enceintes rochelaises du XIVe siècle (fig. 1).

Fig. 1 : Vue d’ensemble de la fouille et de la tour Saint-Nicolas. Cliché : L’œil du drône.

Ce quartier appelé le Gabut est aménagé à l’extérieur du secteur intra-muros délimité par une enceinte fondée dans les années 1160-70. Cette dernière permettait d’asseoir le statut de cette cité portuaire qui s’émancipait rapidement en englobant, dès le début du XIIIe siècle, deux nouveaux quartiers (Saint-Jean du Perrot et Saint-Nicolas). Développés sur deux îlots encadrant, à l’ouest et à l’est, le havre portuaire, ils furent à leur tour dotés de leur propre enceinte. Le Gabut, situé entre le rivage et le quartier Saint-Nicolas, ne fut intégré à la ville qu’à la fin du XIVe siècle, suite à la construction d’une dernière enceinte médiévale reliant la tour Saint-Nicolas à la porte du même nom. Le port était dès lors entouré de murailles et son accès encadré par deux puissantes tours dont l’intérêt stratégique est réel sans omettre toutefois la portée symbolique de cette clôture monumentale qui barrait l’entrée du port. Ce dernier n’était toutefois pas complètement ouvert sur la ville. En effet, les différents quartiers étaient chacun délimités par leurs enceintes dont le franchissement était assuré au moyen de portes flanquées telle la Porte de la Vérité qui ouvrait depuis le quartier Saint-Nicolas vers le Gabut. Les populations usagères prenaient soin de se tenir à distance, en raison des dangers de cette ouverture sur la mer (Tranchant, 2017, p. 227) à l’image des grands ports d’estuaires tels Nantes ou Bordeaux ou de quelques ports côtiers comme à Vannes.

La fouille, située au pied de la tour Saint-Nicolas a permis de reconnaître une portion de l’enceinte du Gabut ainsi que son mode de construction jusqu’alors peu documenté. Sa fondation légèrement talutée a pu être partiellement observée. Elle repose sur une risberme aménagée en galets de lest et renforcée à l’aide de pieux assemblés. Cette découverte fait écho à quelques observations plus anciennes réalisées à plus d’une centaine de mètres vers l’est. Plus récemment, un diagnostic géotechnique mené aux abords de la tour Saint-Nicolas (Boisserie, 2022) a montré que le socle de fondation des murs et tourelles est formé d’un ensemble de pieux battus quasi-jointifs, confirmant ainsi un complexe système de fondation sur pieux dont la date d’abattage renseigné par dendrochronologie implique un début de chantier dans le second quart du XIVe siècle. Ces différentes interventions ont donc permis de documenter une technique de construction méconnue pour le Moyen Âge en dehors de celles adoptées pour les ponts. Le projet de construction de l’enceinte du Gabut et des tours barrant l’entrée du port participent à cet effet d’un chantier exceptionnel assurant à la fin du XIVe siècle sa mise en sécurité. Cette enceinte battue par les flots fut détachée de la cité jusqu’à l’époque moderne. Il faut en effet attendre la seconde moitié du XVIe siècle pour de nécessaires adaptations à l’évolution de l’artillerie. Le parement interne est alors utilisé comme dépotoir. Il sert de fondation à l’installation d’une terrasse maintenue par un muret avec contreforts saillants construit exclusivement en galets de lest (fig. 2). De nombreux rejets domestiques (faune, poissons, poteries, scories métalliques…etc.) étaient mêlés à ces abondants dépôts sédimentaires. Ce constat confirme ceux observés au sein de ports tels Bordeaux ou Brouage (Mouchard, 2019) où l’utilisation d’épaves de bateaux et de galets de lest participaient au renforcement des berges. Enfin, le réemploi de ces mêmes galets dans la construction relève d’une pratique régulière observée dans d’autres villes portuaires à l’instar de murets découverts au niveau de la place Gambetta à Bordeaux (Masson, 2022).

Fig. 2 : Sols des bâtiments des chantiers navals installés contre le mur de terrasse de l’enceinte de la fin du XVIe siècle. Cliché : Barbier E., Inrap.

Ce paysage urbain s’est maintenu jusqu’à la fin du XIXe siècle, moment où l’enceinte a été démantelée. Elle avait été préservée pour répondre à une insécurité manifeste et continue dans la région. Il importe toutefois de signaler la qualité du site naturel protégé, au fond du havre et son adaptation, sur une longue période aux contraintes nautiques. Ces multiples atouts ont participé à la renommée internationale du port de La Rochelle qui était soucieuse d’asseoir ses ambitions politique et économique. Les soins portés à son développement et à sa mise en sécurité, attestent de cette farouche volonté.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation de l’intervention

1.1. Cadre géologique et géographique
1.2. Contextes archéologique et historique
1.3. Objet de l’intervention
1.4. Méthodologie opératoire
1.5. L’enregistrement des données de fouille

2. Les résultats

2.1. La construction de l’enceinte
2.2. Le remblaiement des abords de l’enceinte (XVe-première moitié XVIe siècle)
2.3. Une reprise de la partie occidentale de l’enceinte (M1.14)
2.4. L’installation d’une terrasse d’artillerie
2.5. L’installation de bâtiments contre le mur de terrasse
2.6. L’abandon des bâtiments au profit d’une fosse (fin XVIIIe siècle ?)
2.7. Les derniers aménagements sur l’enceinte
2.8. La construction des bâtiments de la DDE maritime

3. Synthèses

3.1. La construction de l’enceinte du Gabut à la fin du XIVe siècle : un débat clos ?
3.2. Une importante campagne de réfection de la partie ouest de l’enceinte : un aménagement méconnu ?
3.3. L’aménagement de la plate-forme de tir : une adaptation à l’évolution de l’artillerie
(fin XVIe siècle)
3.4. Un nouveau quartier portuaire : magasins d’artillerie et chantiers navals (post 1630)
3.5. L’abandon des magasins d’artillerie (fin XVIIIe siècle)
3.6. Un affranchissement tardif de l’enceinte (fin XIXe siècle)

4. Conclusion

Bibliographie

Liste des illustrations

III. Études spécialisées

Annexe 1 : La céramique moderne

Annexe 2 : Étude du petit mobilier

Annexe 3 : Catalogue des monnaies

Annexe 4 : La verrerie

Annexe 5 : Les scories de fer

Annexe 6 : Étude des provenances de la pierre

Annexe 7 : Dendrochronologie

Annexe 8 : Étude archéozoologique

Annexe 9 : Exploitation et utilisation des invertébrés marins à l’époque
moderne

Annexe 10 : Documentation sur les magasins d’artillerie situés sur "La
Grave"

Annexe 11 : Diagrammes stratigraphiques

IV. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

BARBIER, Emmanuel (dir.). (2019). La Rochelle (17), Parking du Gabut - L'enceinte du Gabut : mise en défense du port et ses abords (XIVe-XXe siècles)  (Rapport de fouille, 1 vol.). Bègles : Inrap Grand Sud-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0155205>.

Autres rapports d'opération

BOISSERIE, F., GERBAUD, C., ARQUÉ, G., BÉRARD, M. (2022). La Rochelle, Tour Saint-Nicolas. Suivi archéologique de sondages structurels et géotechniques (Rapport final d’opération). Atemporelle Archéologie.

DEMEURE, G. (2009). La Rochelle, 9 pl. du commandant de la Motte Rouge, La Rochelle (17) (Rapport final d’opération archéologique, 2 vol.). Éveha.

GISSINGER, B. (dir.). (2019). La Rochelle, Réhabilitation du Vieux-Port-Quais Maubec, Duperré et Durand (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Département de la Charente-Maritime. 370 p.

GISSINGER, B. (dir.). (2014). La Rochelle, 7-9-11 rue de la Fabrique. L’évolution d’un quartier médiéval et moderne (Rapport de fouille, 3 vol.). Département de la Charente-Maritime. 945 p.

NIBODEAU, Jean-Paul. (2004). La Rochelle (17), quartier Motte-Rouge, Quai de la Georgette (Rapport de diagnostic). Poitiers : Inrap Grand Sud-Ouest.

NIBODEAU, Jean-Paul. (1999). La Rochelle, rue de l’Armide - rue de l’Archimède « Gabut 2 » (Rapport d’expertise). Poitiers : SRA Poitou-Charentes.

POUPONNOT, G. (2010). De nouvelles sections du rempart médiéval dans le quartier Saint-Nicolas (Rapport de diagnostic). Poitiers : Inrap Grand Sud-Ouest.

RICARD, J.-L. (1991). La Rochelle, le Gabut 2 (Sondages d’évaluation). Poitiers : SRA Poitou-Charentes.

ZÉLIE, B.  (dir.). (2010). 23, rue du Duc, quartier Saint-Nicolas, La Rochelle (17), Une fenêtre sur l’urbanisation extra-muros et moderne du quartier (Rapport de fouille, 3 vol). Poitiers : SRA Poitou-Charentes.

Littérature grise

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Publications

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BARBIER, Emmanuel. (2018). Les fouilles du square Valin et du parking du Gabut : redécouverte d’une histoire récente méconnue de la ville de La Rochelle. Arcades.

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TRANCHANT, Mathias. (2003). Le commerce maritime de La Rochelle à la fin du Moyen Âge. Rennes : Presses universitaires de Rennes.

Citations

BARBIER, Emmanuel (dir.), NIBODEAU, Jean-Paul, BARME, Maude, BONNIN, Jean-Claude, CLAVEL, Benoit, GAILLARD, Jacques, GENEVIÈVE, Vincent, LE DIGOL, Yannick, MOUGNE, Caroline, SAINT-DIDIER, Guillaume, SIMON, Laure, SOULAT, Jean, VÉQUAUD, Brigitte et coll. (2024). Mise en défense du port de La Rochelle et de ses abords (XIVe-XXe siècles) : l’enceinte du Gabut (Charente-Maritime, Nouvelle-Aquitaine) : Rapport de fouille 2019 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 44). DOI :  https://doi.org/10.34692/v26y-5t77.

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Parking du Gabut à La Rochelle (Charente-Maritime)
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Du XIe au XVe siècle : dans l’aire d’influence du repaire noble de Borie Porte (Aquitaine, Dordogne, Trélissac, Borie Porte)

Sous-titre

Rapport de fouille archéologique 2016

Numéro DAP
12
Image d'entête
DAP 12 | Trélissac « Borie Porte » (Dordogne)
Média
DAP 12 | Trélissac « Borie Porte » (Dordogne)
date expertise
mai 2017
date achevement
février 2016
Paragraphes

Borie Porte, sur la commune de Trélissac (24), est implanté à l’est de Périgueux, en rive droite de l’Isle dont la vallée présente dès le Paléolithique un fort potentiel archéologique. Ce qui est aujourd’hui une zone d’activité d’une vingtaine d’hectares a donné lieu en 2009 à un diagnostic archéologique (Fourloubey, 2010). La mise en évidence d’une occupation médiévale originale, centrée autour de l’extraction de grèzes (limons et castines calcaires) a justifié la prescription d’une fouille sur deux secteurs distincts d’une surface totale d’1,6 ha, l’un au bas d’un versant séparant le plateau de la vallée et l’autre sur la terrasse alluviale.

Les premiers témoins structurés, présents dans les deux secteurs, sont attribués à la fin de l’âge du Fer et représentés par une fosse dépotoir ainsi que quelques structures en creux de type trou de poteau.

Mais, pour l’essentiel, les vestiges sont ceux d’une occupation médiévale comprise entre le XI-XIIe siècle et l’aube du XVe sur le terroir de Borie Porte mentionné comme repaire au XIVe siècle.

Aux XIe et XIIe siècles, un souterrain assorti d’une construction et d’une aire d’ensilage a été aménagé dans le secteur de bas de versant. De vastes fosses polylobées montrent l’activité prédominante sur cette zone : l’extraction de grèzes pratiquée au moins aux XIIIe et XIVe siècles. Un petit hameau de quatre bâtiments au minimum se développe à proximité immédiate entre le XI-XIIe et la fin du XIVe siècle. Deux bâtisses (XIII-XIVe) sont en relation probable avec cette activité d’extraction. Une autre construction, partiellement excavée, a été interprétée comme une maison ayant fonctionné du XI-XIIe au XIVe siècle. Le quatrième bâtiment est associé à une excavation complexe de type cellier du XIVe siècle.

Sur le second secteur, des réseaux fossoyés successifs structurent un espace où se pratique l’élevage bovin. Un aménagement se démarque, matérialisé par un bâtiment implanté sur une plate-forme entourée d’un fossé circulaire ; associé probablement à une basse-cour limitée par un fossé aménagé et assorti d’un talus externe, cet ensemble témoigne du statut des propriétaires de Borie Porte avant la fin du XIVe siècle. Après une phase d’abandon, un petit bâtiment sur poteaux indique une reprise d’occupation moins marquée de la zone basse entre le milieu du XVe siècle et le milieu du XVIIe.

Le mode de construction de certains bâtiments à proximité de la carrière de grèzes, caractérisé par l’association d’un bâti sur solins et d’un bâti sur poteaux, reste à ce jour singulier dans le contexte régional. L’approche d’un tel site d’extraction étant unique au plan régional comme au plan national pour cette période, il est encore impossible de savoir si les caractéristiques du bâti sont liées à la spécificité du site.

La fouille illustre bien l’histoire régionale, l’abandon du site à l’aube du XVe siècle résultant vraisemblablement d’un contexte local très agité au XIVe siècle et plus encore pendant la seconde moitié du XIVe siècle. C’est alors, qu’en lien avec la guerre de Cent Ans, le territoire de Trélissac fait l’objet de pillages et de massacres. La propriété de Borie Porte elle-même est disputée à la fin du XIVe et au XVe siècle.

Le mobilier du premier âge du Fer a fait l’objet d’une publication qui vient s’insérer dans l’axe 5 de la programmation nationale sur les âges des Métaux, notamment par l’étude du corpus céramique (Chevillot & Gineste, 2011).

En bordure d’un axe routier de première importance reliant Périgueux à Limoges (puis Paris), le terroir noble de Borie Porte, tourné vers l’élevage et l’exploitation de grèzes, se rattache également à l’axe 10 consacré à l’espace rural, au peuplement et au productions agricoles. Plus encore, le caractère élitaire original de la plate-forme circulaire intègre les thèmes de l’axe 11 portant sur les constructions élitaires, fortifiées ou non, du début du haut Moyen Âge à la période moderne.

Sommaire

Volume 1 : texte

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. ​Introduction

1.1. Aux origines de la fouille
1.2. Contexte géologique et topographique
1.3. Le contexte historique local
1.4. Cahier des charges et méthode de fouille

2. L’occupation médiévale

2.1. La zone 1 : une occupation du XIe-XIIe au XIVe-XVe
2.2. Les bâtiments

3. Les indices d’une occupation protohistorique sur les deux
secteurs

3.1. Secteur 1
3.2. Secteur 2

4. Le mobilier archéologique

4.1. L’étude du mobilier céramique médiéval
4.2. Présentation du mobilier métallique
4.3. Étude de la verrerie
4.4. Étude des monnaies
4.5. Le mobilier lithique de la fosse 3308
4.6. Étude typo-chronologique du mobilier céramique protohistorique

5. Les restes de faune recueillis sur le site de « Borie Porte » à Trélissac

5.1. Introduction
5.2. Une fosse de l’âge du Fer
5.3. Les niveaux médiévaux
5.4. Les structures en creux, cave, cellier, fosses, silos, cluzeau, ayant servi in fine de
dépotoir
5.5. Les trous de poteaux

6. Conclusion générale

7. Bibliographie

8. Liste des figures


Volume 2 : inventaires

III. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

GINESTE, Marie-Christine (dir.). (2016). Trélissac (24), Borie Porte - du XIe au XVe siècle : dans l'aire d'influence du repaire noble de Borie Porte (Rapport de fouille, 2 vol.). Bègles : Inrap Grand-Sud-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0140752>.

Rapport cité dans l'introduction

FOURLOUBEY, Christophe (dir.). (2010). Trelissac (24), Borie Porte (Rapport de diagnostic). Pessac : Inrap Grand-Sud-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0120336>.

Publication citée dans l'introduction

CHEVILLOT, Christian & GINESTE, Marie-Christine. (2011). Un site du Ier âge du Fer ancien à Borie-Porte (Trélissac, Dordogne). Documents d’archéologie et d’histoire périgourdines, 26, 47-66.

Citations

L’ensemble

GINESTE, Marie-Christine (dir.), BALLARIN, Catherine, CHEVILLOT, Christian, SÉNAC, Robert-André, FOURNIOUX, Bernard, HÉBRARD-SALIVAS, Catherine, MARTIN, Hélène & SELLAMI, Farid. (2020). Du XIe au XVe siècle : dans l’aire d’influence du repaire noble de Borie Porte (Aquitaine, Dordogne, Trélissac, Borie Porte) : rapport de fouille archéologique 2016. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 12). <https://doi.org/10.34692/t4aa-dp19>.

Le volume 1

GINESTE, Marie-Christine (dir.), BALLARIN, Catherine, CHEVILLOT, Christian, SÉNAC, Robert-André, FOURNIOUX, Bernard, HÉBRARD-SALIVAS, Catherine, MARTIN, Hélène & SELLAMI, Farid. (2020). Du XIe au XVe siècle : dans l’aire d’influence du repaire noble de Borie Porte (Aquitaine, Dordogne, Trélissac, Borie Porte) : rapport de fouille archéologique 2016. Vol 1, Texte. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 12). <https://doi.org/10.34692/t4aa-dp19>.

Le volume 2

GINESTE, Marie-Christine (dir.), BALLARIN, Catherine, CHEVILLOT, Christian, SÉNAC, Robert-André, FOURNIOUX, Bernard, HÉBRARD-SALIVAS, Catherine, MARTIN, Hélène & SELLAMI, Farid. (2020). Du XIe au XVe siècle : dans l’aire d’influence du repaire noble de Borie Porte (Aquitaine, Dordogne, Trélissac, Borie Porte) : rapport de fouille archéologique 2016. Vol 2, Inventaires. Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 12). <https://doi.org/10.34692/t4aa-dp19>.

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